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Citation de art-bsurde


Au début des années 1990, les débats s'articulaient autour des règles d'engagement des soldats de l'ONU et du principe de respect de la souveraineté, limitant de fait leur champ d'action (pensons aux débats entourant l'absence de réponse onusienne face au nettoyage ethnique de Srebenica ou à la fameuse « ligne de Mogadiscio » censée séparer aide salutaire et ingérence partisane). Au début des années 2000, les discussions sont passées de ce principe de souveraineté à la notion d'autorité, comme l'illustrent les cas du Kosovo et du Timor-Leste où les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires furent réunis aux seules mains du Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies, allant ainsi à l'encontre de tout principe de séparation des pouvoirs. Ce curieux dispositif institutionnel favorisant une approche extrêmement intrusive de l'ONU conduira certains officiels onusiens, et, dans une plus grande mesure les « partenaires locaux » de l'organisation internationale, à contester et prendre leur distance avec cette paix imposée de l'extérieure.
Ces frustrations, qui prirent la forme d'une résistance active à plusieurs moments de l'administration onusienne au Kosovo ou au Timor-Leste, combinés à la désastreuse expérience américaine en Irak (administration civile de l'Irak entre 2003 et 2004) feront naître de nouveaux débats dans le champ de la consolidation de la paix, cette fois sur les moyens de l'intervention. Empruntant un discours propre au champ du développement international, les débats se portent maintenant sur l'application du principe d'appropriation locale aux missions de paix, principalement défini comme un processus où les solutions apportées aux besoins d'une société particulière sont développées de concert avec la population qui devra vivre avec elles sur le long terme. En théorie, l'application de ce principe aux missions de paix permettrait de limiter le caractère intrusif des interventions internationales, limitant ainsi les « externalités négatives » de ces interventions. Ces conséquences négatives incluent autant les distorsions économiques dues à la présence internationale et à la création d'une bulle économique par l'arrivée de nouveaux capitaux (inflation des biens de consommation, modification des paramètres du marché du travail, impact sur le marché de l'immobilier) que les scandales sexuels qui minent l'autorité des missions de paix depuis plusieurs années.


Primum non nocere : quelle appropriation locale dans la consolidation de la paix de l'ONU ? - Nicolas Lemay-Hébert
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