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Citation de SZRAMOWO


Enver Hoxha, qui a dirigé l’Albanie marxiste-léniniste de 1944 à sa mort en 1985, échappe à toutes les classifications. Barricadé derrière les frontières hermétiquement closes de ce petit pays des Balkans d’où il vitupérait contre le monde entier, il a théorisé et mis en œuvre un totalitarisme qui n’a aucun équivalent ailleurs. Rares sont les historiens à s’être intéressés à sa personne et à sa déraison, d’où cet essai biographique qui retrace pas à pas son itinéraire, sa vision du monde et sa pathologie. Graphomane impénitent, le Premier secrétaire du Comité central du Parti du travail d’Albanie faisait traduire à grands frais ses nombreux livres et ses très longs discours. La plupart sont parus en français, la langue de ses années d’étudiant à Montpellier, qu’il avait enseignée à son retour au pays natal à la fin des années 1930. Les milliers de pages que ce francophone fervent de Robespierre a laissées derrière lui sont une mine pour qui tente de percer sa psychologie. Hoxha s’y dépeint, volume après volume, en procureur implacable, en théoricien indépassable, l’unique détenteur de la vérité marxiste-léniniste. À son corps défendant, ses écrits et ses soliloques mettent sa personnalité à nu. Ses propos publics sont sa seule vérité. Il inspirait une telle déférence ou une telle crainte qu’aucun de ceux qui l’ont côtoyé ou rencontré n’a laissé de témoignage qui éclairerait sa pratique du pouvoir et les entrelacs de sa personnalité. Pour pénétrer dans la tête d’Enver Hoxha, force est de s’en remettre à son moi officiel, car de surcroît il ne se confiait pas.
Les pages qui suivent s’emploient aussi à expliquer le soutien dont ce tyran à nul autre pareil a bénéficié en France de la part de maoïstes staliniens, mais aussi de personnalités à la réputation inattaquable et de « touristes politiques », étudiants pour la plupart, en quête durant leurs vacances d’été d’un modèle de société idéale. Ces laudateurs français d’Hoxha appartiennent à une espèce répandue, les révolutionnaires par procuration, mais leur admiration, quelquefois leur vénération pour le « camarade Enver » les rangent dans une catégorie à part. L’homme portait beau. Un mètre quatre-vingt-quatre, élégant et avenant, d’une distinction naturelle, il tranchait sur ses camarades du Bureau politique, au physique beaucoup plus rude et à la mine parfois rébarbative.
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