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Citation de gill


Quiconque n'a jamais ramené son chalutier à la marée du soir, un diesel tiède et ronronnant sous les pieds, l'arbre d'hélice barbotant dans le jus de cale ; qui ne s'est pas adossé à la cahute de la timonerie, une fois rangées les prises du jour et lavé le pont à grande eau ; quiconque n'a pas croisé enfin les bras, bien haut, sur le ciré scintillant d'écailles, et regardé les nuées de mouettes se disputer les abats jetés au vent, tandis que la radio du bord débite les plaisanteries des collègues alentour ; quiconque n'a pas savouré ces instants purs où la mer, coupée par le boulevard de marbre blanc du sillage, rosit au couchant et devient aubergine à l'est, déjà plombé d'ombre ; quiconque n'a pas fixé les quadrillages en peaux de maquereau que dessinent dans le ciel les long-courriers fuyant vers l'Amérique ; quiconque n'a pas guetté machinalement les dernières bouées à cloche et perches tordues du chenal ami, puis le môle de granit, tant espéré les soirs de piaule, puis la cale en haut de laquelle les épouses retiennent les enfants de s'approcher du vide....
(extrait de "Jachère en mer" p.313 de l'édition parue à la NRF en 1995)
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