Nous disons que voir c’est toujours déjà se souvenir et qu’en se tenant à la limite du sommeil, à l’instant où les paupières se baissent, où la conscience se relâche, on se souvient déjà de ce qu’on est en train de voir, qu’on voit le souvenir se faire avant de s’oublier, qu’il apparaît sous les yeux dans le temps présent qui fuit, qu’il est le présent, parce qu’on ne pourrait pas expliquer la mémoire sinon, elle n’aurait aucun sens, aucun sol, aucune matière. Nous pensons que c’est de là que vient cette impression de déjà-vu, et nous pensons que toutes les images enregistrées depuis le commencement racontent cela : l’apparition de leur disparition.