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Critiques de Billy Tucci (2)
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Sgt. Rock: The Lost Battalion

Régulièrement DC Comics ramène le personnage du Sergent Rock à la vie pour une minisérie ou une autre (sans compter les rééditions Sgt. Rock). Les 2 dernières fois étaient motivées par le retour de Joe Kubert aux dessins pour des résultats pas entièrement convaincants dans Sgt. Rock: Between Hell and a Hard Place et Sgt. Rock: The Prophecy. Dans ce tome, il s'agit de rendre hommage à un bataillon de soldats coincés dans une colline dans les Vosges quelques jours après le débarquement.



L'action se déroule dans les Vosges. Le bataillon du 141 d'infanterie est pris en étau par les allemands, sur une colline repérée 679 sur les cartes d'état major. Parmi les soldats ainsi piégés se trouvent Frank Rock et les hommes de la compagnie Easy. Le récit raconte comment les forces américaines vont tout mettre en oeuvre pour dégager ces hommes de cette nasse. Et il expose également la résistance qui s'installe pour lutter contre l'ennemi, la faim, le froid et le manque de munition. Ces hauts faits de la libération de la France et de la marche vers l'Allemagne sont rentrés dans les manuels d'histoire comme un acte de bravoure exceptionnel, comparable uniquement à l'héroïsme des soldats qui ont défendu Fort Alamo en 1836 lors de la révolution du Texas.



Cette histoire repose sur le scénario de Billy Tucci qui également réalisé les illustrations, la mise en couleur étant prise en charge par l'équipe Hi-Fi Design et le lettrage par Rob Clark. Billy Tucci est connu dans le monde des comics surtout pour la création du personnage Shi (par exemple Shi: Ju-nen). Dans de nombreuses interviews, il a indiqué qu'il éprouve une passion pour cette période de l'histoire et qu'il a voulu rendre hommage aux Nisei (enfants né aux États-Unis d'émigrants japonais). En tant qu'amateur éclairé d'histoire, Billy Tucci s'est transformé en journaliste pour recueillir les informations nécessaires à la rédaction de cette aventure. Il a interviewé des vétérans de ce combat, il s'est rendu sur place en France pour acquérir une connaissance suffisante du terrain et il a potassé les matériels utilisés à l'époque pour tendre vers la plus grande authenticité historique possible. D'ailleurs, ce tome est préfacé par le lieutenant Erwin H. Blonder qui a fait partie de ce bataillon. La postface est rédigée par le sergent Junwo Yamashita qui a participé aux opérations de délivrance.



Le premier objectif que s'est fixé Tucci est donc celui du devoir de témoignage : comment ça s'est passé. Il ne faut pas que les générations futures puissent oublier. Le deuxième objectif est que le récit doit être le plus exact possible. L'utilisation de Rock permet de personnifier tous les soldats inconnus, mais le personnage ne doit pas phagocyter la véracité. Pour autant, Tucci n'a pas souhaité faire de cette histoire une ode au patriotisme primaire ou à la virilité des guerriers. Il ne s'attarde pas non plus sur les douleurs des combattants, le récit ne s'embarque jamais dans une description misérabiliste des conditions vie atroces dans ce bourbier. En fait Billy Tucci prend bien soin d'éviter les clichés habituels : pas de glorification outrancière des soldats américains, pas de diabolisation des soldats allemands (même si leur point de vue est passé sous silence), pas de réalisme sociale par le biais d'une lutte des classes entre soldats d'origines disparates.



Le lecteur est amené à suivre les différentes phases stratégiques et tactiques du conflit au niveau des soldats. Il est amené à faire connaissance avec quelques individus, mais sans approfondissement. Cette approche est néanmoins suffisante pour provoquer un degré d'empathie qui accroche le lecteur. Il met également en évidence les difficultés auxquelles se heurtent les missions successives de sauvetage, et le coup en vies humaines de chaque tentative.



Billy Tucci a choisi un style graphique parfois un peu déconcertant. Il accorde une très grande attention aux détails des vêtements et des armements (toujours ce souci de l'exactitude), par contre les visages apparaissent souvent un peu lisses, peu marqués au regard des souffrances et des privations endurées par les soldats. Il ne manque un seul passe-lacet aux surbottes, par contre les soldats sont toujours rasés de près même après 7 jours coincés dans la forêt. Chaque case fourmille de détails relatifs aux équipements militaires (armes et vêtements) ; par contre les décors sont parfois un peu passepartout. Tucci explique dans la postface qu'il a voulu rendre l'impression des soldats de combattre dans un néant, une réalité coupée du monde. La mise en page s'effectue sur la base de cases rectangulaires très sages. La mise en couleurs repose sur des teintes pastels déclinées en plusieurs nuances (aucune couleur criarde).



Enfin Billy Tucci a souhaité rendre hommage aux comics de guerre de son enfance en incluant quelques héros de guerre de DC (tel que le Haunted Tank et son équipe) et en insérant des reproductions fidèles de célèbres couvertures (de Joe Kubert ou de Russ Heath).



Le résultat final est captivant. La distance créée par rapport aux personnages permet de mieux s'interroger sur le rôle des uns et des autres et les véritables enjeux (pour une part, déjà médiatiques), ainsi que sur la notion d'héroïsme et même de résilience. Par contre, il est vrai qu'en termes de technique de bandes dessinées, le résultat est assez pesant à la lecture, assez raide. J'ai bien aimé découvrir ce haut fait d'armes sous cet angle très clinique et un peu distancié, même si la lecture est un peu laborieuse.
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Our Army At War

Ce tome regroupe 5 numéros spéciaux parus en novembre 2010, indépendants de toute continuité.



Our Army at War (scénario de Mike Martz, illustrations de Victor Ibáñez) - Le scénario met en parallèle l'attaque de Pearl Harbor et celle du 11 septembre 2001. Suite à ces 2 violations du territoire américain, Anthony Sigliano répond à l'appel de l'Oncle Sam pour lutter contre les forces de l'Axe pendant la seconde guerre mondiale, et Keyon Jasper s'engage pour aller traquer le terroriste en Afghanistan. Le premier croise le chemin du Sgt. Rock et de l'Easy Company, le deuxième celui du Capitaine Duncan et de ses Gods of War. D'escarmouche en affrontement, il apparaît que la guerre c'est moche mais qu'il faut quand même la mener pour faire triompher la justice. Les illustrations sont très agréables, assez sophistiquées et d'une parfaite exactitude pour le matériel militaire. Le scénario est prenant, mais il ne remet pas en cause la guerre comme manière d'agir, et l'ennemi reste un groupe de gens sans identité, de la chair à canon générique, sans humanité. 4 étoiles.



Weird Ward Tales (3 histoires courtes) - La première histoire (7 pages) est réalisée par Darwyn Cooke (scénario et illustrations) ; il s'agit d'une farce mettant en scène les plus grands chefs de guerre sous forme de fantômes squelettiques. Là encore, Cooke s'appuie sur le stéréotype qui veut que tous les commandants et généraux aiment la guerre et les massacres. 2 étoiles. La deuxième histoire par Ivan Brandon et Nick Klein (7 pages) se déroule à bord d'un sous-marin coulé où les membres de l'équipage suffoquent un à un. Il s'agit surtout d'une histoire d'horreur rapide et anecdotique. 2 étoiles. La troisième histoire (Jan Strnad au scénario et Gabriel Hardman aux illustrations) se déroule dans un village français où il ne reste qu'une poignée d'américains soumis au pilonnage des allemands. L'histoire se focalise sur 2 amis coincés dans une ferme. C'est une histoire beaucoup plus adulte qui illustre le coût psychologique nécessaire pour durer dans ces combats avec des dessins réalistes et légèrement noirs parfaits. (5 étoiles). Et il ya une superbe pleine page de transition réalisée par Steve Pugh, magnifique.



Our Fighting Forces (scénario de B. Clay Moore, dessins de Chad Hardin et encrage de Wayne Faucher) - La hiérarchie a confié une mission aux Losers (Gunner, Storm, Sarge, Johnny Cloud et P.T. Boat Skipper, équipe créée par Robert Kanigher, puis reprise par Jack Kirby dans The Losers) : prendre une piste d'atterrissage située au milieu d'un champ. La lettre de mission suggère 3 chemins possibles pour s'en rendre maître. Les Losers décident d'improviser. Il s'agit d'une bonne histoire d'action en temps de guerre avec hauts faits, usage d'armes à feu et tactiques militaires. Malgré la poisse qui accompagne les Losers, le scénariste n'arrive pas non plus à s'extraire du carcan dictant que la guerre doit être menée, et une fois encore l'ennemi est une masse de soldats sans personnalité, sans identité. 3 étoiles.



G.I. Combat (scénario de Matthew Sturges, illustrations de Phil Winslade) - Le Haunted Tank participe à la libération de la France lors de la seconde guerre mondiale. Il s'agit d'un tank léger de modèle M3 Stuart ; le fantôme du général confédéré Jeb Stuart apparaît régulièrement au lieutenant Jeb Stuart (l'un des membres de l'équipage du tank). Dans cette aventure, ce tank léger se trouve pris sous le feu d'une mitrailleuse lourde dans un village français. Matthew Sturges rend hommage aux histoires de guerre mettant en scène cet équipage (parues dans G.I. Combat de 1961 à 1987, rééditées dans le format Showcase, avec un sens sûr du suspense et des dessins réalistes et légèrement noirs parfaitement adaptés. 4 étoiles.



Star-spangled war stories (scénario de Billy Tucci, dessins de Justiniano et Tom Derenick, encrage d'Andrew Mangum) - Mademoiselle Marie (française expatriée en Angleterre) est parachutée en France pour prendre contact avec la résistance. Elle dispose de fonds destinés à armer la résistance. Billy Tucci déroule une aventure risquée pour rependre contact avec le trafiquant d'armes, sur fond de trahison et de soldats allemands très présents. Cette histoire se lit rapidement, malgré quelques transitions assez abruptes et quelques phrases en très mauvais français. Les dessins sont de style comics avec un bon niveau de détails. 3 étoiles (vite lu, vite oublié, dommage, Tucci a fait beaucoup mieux dans le même genre avec Sgt. Rock - The Lost Battalion).



Il faut également mentionner les couvertures, chacune réalisée par un grand nom : Joe Kubert (elle a l'air d'avoir été dessinée un peu vite), Darwyn Cooke (un groupe de squelettes habillés en soldats d'époques différentes, bof), Mark Schultz (une image des Losers donnant tout ce qu'ils ont dans le ventre, rageur), Geoff Darrow (une image baroque du Haunted Tank dans laquelle il ne manque aucune cartouche, ironique) et Brian Bolland (une Mademoiselle Marie magnifique).



Si vous cherchez des histoires de guerre plus adultes et moins respectueuses de l'ordre imposé, je vous conseille les tomes 1 et 2 des War Stories de Garth Ennis, ainsi que sa série des Battlefields (The Night Witches, Dear Billy, The Tankies, Happy Valley, The Firefly and His Majesty et Motherlands), avec une mention spéciale pour "Dear Billy".
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