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Citation de Bunee


C'était un homme dont le nom évoquait l'esprit héroïque de toute la guerre civile, les milliers, les dizaines et les centaines de milliers d'hommes qui se tenaient derrière lui - un nom qui évoquait des centaines, des dizaines et des centaines de milliers de morts, de souffrances, de mutilations, le froid, la faim, les marches dans les frimas et la chaleur torride, un nom qui évoquait le fracas des canons, le sifflement des balles et des vents nocturnes, les feux de camp dans la nuit, les campagnes, les victoires et les déroutes, et - encore et toujours - la Mort. C'était un homme qui commandait à des armées, à des milliers de gens, un homme qui commandait aux victoires, à la mort - à la poudre, à la fumée, aux os brisés, aux chairs déchiquetées, à ces victoires dont on faisait si grand bruit à l'arrière avec des drapeaux rouges par centaines et des foules innombrables, ces victoires dont la radio inondait le monde et après lesquelles - sur les plaines sablonneuses de Russie - on creusait pour les cadavres des fosses profondes, des fosses dans lesquelles s'entassaient pêle-mêle des milliers de corps humains. C'était un homme dont le nom était chargé de légendes - sur la guerre, sur des vertus de stratège, sur une bravoure, une intrépidité et une fermeté sans bornes. C'était un homme qui avait le droit et le bon vouloir d'envoyer des êtres humains tuer leurs semblables - et mourir. Un homme venait d'entrer dans le salon, pas très grand, à la large carrure, avec un visage débonnaire et un peu fatigué de séminariste. Il marchait d'un pas vif, et sa démarche trahissait à la fois le cavalier et le civil, sans rien de militaire. Les trois officiers d'état-major se mirent au garde-à-vous devant lui: pour eux, il était l'homme qui se trouvait au gouvernail de l'énorme machine qu'on appelle l'armée, l'homme qui commandait à leur vie, surtout à leur vie, leurs réussites, à leur carrière, à leurs échecs, à leur vie, mais pas à leur mort. Le commandant s'arrêta devant eux, il ne leur tendit pas la main, il fit le geste qui les autorisait à se mettre au repos.
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