Brenda Beli

Chapitre 2 :
Cole
«… Je devrais sûrement me sentir vexé qu’elles ne se souviennent pas de moi, pourtant ça ajoute une touche de mystère dans notre rencontre et je dois avouer que la situation m’amuse beaucoup.
– Ma Sissi ! s’exclame la vieille dame. Quel plaisir de te voir, ma chérie !
– Nana, se reprend Romy. Qu’est-ce que tu fais là ? Pourquoi on se retrouve sur le même bateau ? Bordel, je ne comprends rien à ce qu’il se passe.
Frustrée de ne pas comprendre, elle passe une main dans ses cheveux et se tourne vers moi. L’intensité de son regard me percute. Romy n’est pas en colère, elle est furieuse et je trouve ça divertissant.
– Vous êtes encore là, vous ?
Je ravale un sourire, peu habitué à être éconduit de cette manière. Ma sœur se réjouirait d’une telle situation puisqu’elle prend un certain plaisir à me pourrir la vie depuis qu’elle est née.
– Je voulais m’assurer que vous alliez bien.
Le nez relevé, Romy m’observe en plissant ses yeux. Ces couleurs sont troublantes, je n’arrive pas à savoir si je préfère l’œil gauche, un mélange de vert et de marron ou l’œil droit, aussi bleu que l’étendue d’eau qui se profile à l’horizon. Dans tous les cas, la vue est saisissante.
– Travaillez-vous sur ce bateau ?
J’ai toujours eu un faible pour les femmes à la voix cassée. Un vague fantasme que mon cousin s’amuserait à bousiller avec ses remarques salaces. Bien que polie, sa question est pleine d’arrogance. Romy est à la limite d’être hautaine ; elle ne me manque pas de respect, mais elle connaît sa valeur.
Et même si ce n’est pas une pensée adéquate, je trouve ça incroyablement sexy.
– On peut dire ça, dis-je simplement.
Les mains dans les poches, j’attends sans savoir si cette rencontre va bien se finir.
– Pas au service rangement, j’imagine, attaque-t-elle, sinon je n’aurais pas fini à genoux.
Je mords ma lèvre. Est-ce qu’elle est consciente du sous-entendu ou est-ce mon esprit qui s’égare trop facilement ? …»