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Citation de Charybde2


Je ne comprends pas vraiment le fonctionnement de ce corps, mais c’est bon d’en avoir un à nouveau, même empoisonné, voire mourant, plutôt que d’être englouti dans ce demi-sommeil et cet oubli vaseux, relégué à l’arrière d’une tête. Maintenant que je suis revenu aux avants-postes, là, juste derrière les yeux, il n’y a rien qui puisse me repousser vers l’arrière de cette tête.
Me lever m’a demandé un certain effort, or même la douleur engendrée par cette action m’a paru neuve, et je l’ai volontiers acceptée – du moins dans un premier temps. La combinaison sentait mauvais là où il avait vomi – là où j’avais vomi, devrais-je sans doute dire. Une fois debout, j’ai désanglé sa visière et l’ai soulevée tant bien que mal, tremblotant, jusqu’à ce qu’elle se détache et libère le haut de sa tête, avant de se fracasser au sol. Le corps était malade et j’en étais encore à apprendre comment manipuler correctement les bras, rien de tout cela n’était donc facile. Avec du temps, j’ai réussi à m’extraire du reste de la combinaison pour finir adossé contre un mur, exténué et tremblant.
Après un moment, je suis parvenu à me déplacer jusqu’à un miroir pour m’y regarder. C’était bizarre de voir quelqu’un qui me ressemblait comme deux gouttes d’eau mais n’était pas moi. Pas vraiment moi. Bizarre de voir sur ce visage les signes de la lutte que se livraient toutes ces mimiques, celles qui pendant longtemps l’avaient contrôlé et celles qui me venaient plus naturellement. Mais la chair apprendra bientôt à se soumettre à moi. Les traits qui l’animaient étaient grosso modo identiques, puisque nous avions tous deux été conçus à partir du même matériau sur la même tablature, mais le corps était constellé d’autres marques, d’autres flétrissures et cicatrices. Sur la poitrine, en plein milieu, se trouvait un tache de naissance qui ne ressemblait à rien tant qu’à une main. Sur un poignet, un bras, une jambe, des étendues de peau étaient abîmées, la chair se détachant au moindre contact pour révéler une couche de derme plus sensible, mouchetée de pus et de sang, à l’odeur faisandée.
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