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Citation de alzaia


p94
Si nous examinons les versions successives de la vie d'Augustin, nous n'arrivons pas à un seul récit homogène : nous découvrons à la place que l'idée que se fait Augustin des questions portant sur la révision de sa propre vie et sur la révision du récit que l'on en fait désigne quelque chose de commun. C'est une méthode littéraire au service de la philosophie.
Augustin différait également des penseurs précédents en ceci qu'il faisait de l'enquête sur son expérience subjective le fondement de l'examen de soi. Sa fidélité à la valeur de la subjectivité prenait pour appui philosophique l'argument du cogito. En réponse à l'idée sceptique selon laquelle se connaître soi-même est aussi problématique que connaître toute autre chose, il maintenait que la seule qu'il était sûr de savoir était le fait irréfutable de sa propre existence. Son intérêt pour la subjectivité le conduisit aussi à réévaluer le rôle que jouent les souvenirs personnels dans l'établissement de la continuité de la connaissance de soi. Le récit du progrès ou de l'éducation de l'âme, qui fut un thème commun à bon nombre de quêtes de la connaissance de soi après Platon, s'associa au récit d'une vie particulière au fur et à mesure que celle-ci avançait dans le temps historique, une vie qui suivait une forme philosophique traditionnelle en franchissant les étapes de l'incertitude et de la conversion.
Au sein de son interprétation de la notion d'une vie Augustin accordait un statut important à la rhétorique. Il abandonna la conviction antique selon laquelle une personne engagée dans une recherche philosophique devrait être capable d'atteindre un mode de vie satisfaisant grâce au seul usage de la raison; il adopta à sa place l'idée que la raison doit être renforcée par la persuasion. S'appuyant sur son propre récit, il maintint qu'aucun des problèmes fondamentaux de sa vie n'avait été résolu par un raisonnement philosophique puisque la possibilité d'un choix rationnel n'intervenait que lorsqu'une personne comme lui possédait un nombre de faits suffisant pour formuler un jugement objectif parmi plusieurs ligne de conduites possibles.
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