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Citation de AuroraeLibri


Passent les jours, passent les semaines, passent les mois et les années. Sous le regard complice de sa sœur Sophie, la même Madame Louise entreprenait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter de corriger une nature qui continuait parfois d’être rebelle exagérément. L’abbé Proyart en trace le portrait suivant : « Ce qui caractérisa la jeune Louise dès sa première enfance, ce fut un principe de vivacité extraordinaire, qui se manifestait dans tout son extérieur. Bientôt on découvrit en elle un esprit pénétrant, beaucoup de discernement et une prudence qu’on admira souvent. Elle saisissait parfaitement le caractère des personnes qu’elle voyait ; et leurs ridicules, s’ils en avaient, ne lui échappaient pas. Elle aurait même eu quelque penchant à la causticité ; mais, dès qu’on lui eût fait connaître qu’on ne pouvait pas, surtout dans un rang élevé, se jouer avec cette arme sans blesser cruellement ceux qui en étaient atteints, elle ne se permit plus que des plaisanteries innocentes. »

« L’apparence du mensonge lui faisait horreur, témoigne encore l’abbé. Si elle faisait une faute, elle l’avouait sans détour : il ne lui venait pas même la pensée d’employer le déguisement. Son goût pour le vrai était si décidé, que ces romans innocents, imaginés pour fixer par le merveilleux l’imagination de l’enfance, cessaient de l’amuser et de lui plaire, dès qu’elle savait qu’ils ne contenaient que des fictions. “ Ne me racontez jamais que des histoires vraies, disait-elle à sa gouvernante ; ou bien, quand ce ne seront que des fables, avertissez-moi en commençant. ” Elle croyait tout ce qu’on lui disait, et n’imaginait pas même qu’on pût jamais chercher à la tromper... Elle disait que ceux qui mentent aux enfants lui paraissaient plus coupables encore que ceux qui le font à des personnes moins crédules. »

La peur du tonnerre — dont elle ne parviendrait jamais à se guérir — la plongeait dans un état de véritable désespoir. Les religieuses, dans la sincérité et la simplicité de leur foi, trouvèrent l’occasion d’en tirer un parti avantageux. Comme l’enfant demandait un jour d’orage :

— Est-ce que Dieu a fait aussi ce tonnerre qui me fait tant de peur ?

On lui répondit :

— Oui, Madame, Dieu tonne au-dessus de la tête des pécheurs par bonté pour eux, et pour les avertir de revenir à lui, s’ils ne veulent pas être écrasés par ses foudres. Plus on a la conscience en mauvais état, plus on doit avoir peur du tonnerre ; mais quand on aime Dieu de tout son cœur, on ne doit pas le craindre, parce que Dieu ne fait pas de mal à ses amis.

Mais des leçons si exemplaires ne mettaient que fort médiocrement la jeune princesse à l’abri de cette terreur invincible, totale. Elle s’interrogea : sa conscience était donc si noire ? Parmi son entourage, on jugea prudent d’en rabattre ; on distingua alors deux sortes de peurs causées par le tonnerre, « l’une involontaire, suite naturelle de la délicatesse de nos organes ; l’autre réfléchie et fondée sur le mauvais état de la conscience, joint à la possibilité d’être frappé de la foudre dans cet état ». L’enfant approuva du chef, rassurée, mais dès le premier orage venu, elle se terrait de nouveau au fond de son lit, les doigts enfoncés dans les oreilles. Pas le temps d’analyser de quelle sorte de peur elle était victime. C’était effrayant, voilà tout. C’était épouvantable !

Chapitre 3
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