C'est pourquoi un légionnaire ne doit pas avoir le moindre démêlé avec la justice: ainsi même les coupables de délits de chasse sont signalés à la Grande Chancellerie, au même titre que le capitaine Touzy qui, pour sa part, a commis un parricide en 1821. Il en va de même de tout auteur de parole séditieuse. En 1876, le chevalier Jean-Louis Vayssière, ex-maréchal des logis de gendarmerie en retraite, est surpris en état d'ivresse dans une brasserie d'Avignon. Le commissaire de police propose de lui-même de lui faire interdire le port de son ruban de la Légion d'honneur, avant toute décision de la Grande Chancellerie.
Jaurès le pacifiste honoré de la Croix de guerre, Anatole France le pourfendeur des honneurs lui accrochant avec solennité une décoration posthume..., voilà sans nul doute un autre indice, et peut-être pas le moindre, à verser à la compréhension des fonctions collectives et individuelles qu'ont pu remplir jusqu'à nous les décorations. Une manière pour les recherches actuelles et à venir sur cet objet de se souvenir de cette recommandation de Marc Bloch: « Derrière les écrits en apparence les plus glacés et les institutions en apparence le plus complètement détachées de ceux qui les ont établies, ce sont les hommes que l'histoire veut saisir. »