Je n’avais que treize ans et je ne pouvais pas poser des mots sur le flot d’émotions qui me saisissait la poitrine. Ce matin, alors que toutes ces images affluent vingt ans plus tard, je me demande quand le grand renoncement s’est pour la première fois fait sentir et par quoi il a été annoncé. Si déjà, sur cette passerelle, je l’avais entrevu ou s’il était arrivé un dimanche matin, quelques années après, sans prévenir. De toute façon, tout semblait joué depuis longtemps, et j’avais traîné avec moi la découverte de la Californie, la remontée de l’Amazone en bateau, la traversée du Sahara à pied ou l’amour flamboyant d’une danseuse de ballet comme des mirages entrant encore dans le champ des possibles.