AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Bruno Masi (33)


quel est donc ce coin de France, à deux pas de la mer, là où les gens parlent avec un accent fleuri, où la terre s’anime et sculpte des ornières en forme de trous du diable, où le vent embrase le ciel, où naissent des hommes qui très tôt ont un tel goût du sang ?
Commenter  J’apprécie          110
« Ecrire un fait divers, c’est partir sans à priori et rendre à chacun sa part de vérité. La pire des crapules a droit au doute et à l’explication, non pour minimiser ses actes mais pour qu’il ne soit pas le seul à endosser toute la responsabilité de ce qui s’est passé. Qu’on le veuille ou non, le fait divers est une œuvre collective signée du patronyme de la société : elle seule pousse certains plus loin que d’autres. Sans elle, le fait divers n’existerait pas. Un jour, un homme ou une femme dévie de la route, et trouve la conclusion de sa part de vérité dans le meurtre d’une autre personne. Il ou elle devra endosser toutes les responsabilités. Il y a un avant et un après, et un contexte. »
Commenter  J’apprécie          80
Ce qu’il venait de réaliser relevait du coup d’éclat, la seule chose gratuite et inutile qu’il nous était encore possible de faire. Je lui en voulais et en même temps je l’enviais. Le coup d’éclat, c’était finalement le seul moment, même bref, où on pouvait arrêter de fuir et d’avoir peur. Où on relevait la tête pour la beauté du geste.
Commenter  J’apprécie          30
J’avais treize ans et l’impression que tout était encore possible, mais combien de temps cette illusion resterait mon mantra ? Quand et de quelle manière me serait-il balancé à la figure que cette belle idée n’était que pure illusion ? Le possible, c’est le champ restreint de ce que la vie n’a pas complètement salopé avant de te faire croire que tu pouvais y mettre du tien. Joue avec les miettes elle te dit, et sois heureux qu’il en reste encore, n’oublie pas de dire merci.
Commenter  J’apprécie          20
Pourquoi n’arrivait-on jamais a nous sentir heureux, comme ces touristes contents d’eux mêmes qui passent leurs journées entières sur la plage? Je n’ai jamais éprouvé ce qui semble être une forme de plénitude, même vingt ans plus tard.
Commenter  J’apprécie          10
Combien d’entre eux s’étaient dit aussi qu’il était hors de question de rejoindre le cortège des voitures sur l’autoroute avec un aller-simple pour la démence ? 
Commenter  J’apprécie          00
Tout est toujours un peu pourri, quel que soit le glaçage au sucre que l’on met dessus. 
Commenter  J’apprécie          00
On n’avait pas encore compris que les artifices sont les seules choses qui valent la peine. Ils octroient une pause au milieu de la laideur ambiante. 
Commenter  J’apprécie          00
J’étais un bateau que l’équipage avait déserté. 
Commenter  J’apprécie          00
Je l’avais toujours trouvée attirante et moche, mais je n’avais jamais osé m’approcher d’elle, lui demander de m’emmener derrière la grille, lui donner tous les billets que j’aurais pu récolter dans ma chambre et la laisser faire en fermant les yeux.
Commenter  J’apprécie          00
Entretenir l’espoir et l’attente, c’est comme fixer le désert en espérant y voir pousser une ville en suspension. Je n’avais pas compris à l’époque ce qui était en train de se jouer, c’était un lent mais sûr glissement qui vrillerait les choses une bonne fois pour toutes. Un mauvais tour de clé qui donnerait à l’ensemble un air penché. On se rapproche du sommet, et l’angle paraît plus prononcé, à croire que l’édifice va finir par sombrer.
Commenter  J’apprécie          00
Je me tourne vers l’est, en direction de l’Italie : l’obscurité est profonde, comme si le monde, à la limite de ce que je peux voir, chutait dans le vide. Mais une lueur apparaît en suspension au-dessus de la ligne d’horizon. Un clignotement en train d’agoniser qui montrerait la direction à suivre.
Commenter  J’apprécie          00
C’est fou ce qu’une vie tient en peu de place finalement. Il suffit de ne pas être trop sentimental et de penser efficace. Rationnel. Les sentiments pèsent lourd et ruinent les épaules. Mieux vaut garder ça pour les jours fastes, les années de contemplation où l’on prend le temps de se raconter, avec aisance, toujours la même litanie devant des filles trop jeunes un verre de vin à la main.
Commenter  J’apprécie          00
C’est ça la vie de quartier on dirait : tout le monde s’entend bien et tout le monde est heureux, quoi qu’on en dise, parce que ces gens ont une fierté, tu comprends, ils ont de l’honneur : même si la cité a mauvaise réputation, eux peuvent te faire la démonstration qu’ici, ça ne se passe pas comme ailleurs. Ici, ils te le diront, règne une humanité incroyable. Entre ces murs, on s’entraide, on ne se laissera jamais crever.
Commenter  J’apprécie          00
À l’époque, je me demandais ce que ça faisait de vivre au quotidien dans une villa où il fallait près de dix minutes pour faire le tour du parc et pas loin de cinq pour passer de la chambre à la salle de bains. La plupart des demeures affichaient un nombre impressionnant de fenêtres, certaines des colonnes, toutes étaient dotées d’une piscine. Les propriétaires raffolaient des statuettes en plâtre, angelots, aigles ou lions. Ils les postaient bien en évidence à l’entrée, sur des promontoires en béton armé.
Commenter  J’apprécie          00
Les gens du coin aiment bien la Vierge Marie, je n’ai jamais trop su pourquoi. Ils doivent en avoir marre d’être seuls et cette femme qui regarde le ciel avec l’air de dire c’est bon, je m’en occupe, ça doit les rassurer.
Commenter  J’apprécie          00
Vivre l’ivresse de la vie . Je me demande encore qui avait bien pu imaginer cette putain de belle phrase. C’est ça qu’on nous propose, c’est ça le contrat en or qu’on nous tend. Acheter une bague au rabais pour vivre l’ivresse de la vie. Oui, j’aurais aimé voir la tête du type qui avait eu une idée aussi brillante. Il s’était levé un jour et avait dit à son collègue t’embête plus coco, j’ai le slogan qu’il nous faut, avec ça on va casser la baraque, puis il avait remis ses lunettes de soleil, fait un geste de la main et prononcé en articulant à outrance vivre l’ivresse de la vie . Sur le coup, il s’était cru à Los Angeles : son slogan, c’était la Californie en barre, les palmiers sur Sunset et Hollywood dans le ciel. C’était tout ce que des futurs connards comme Virgile et moi, ou des connards tout courts comme M. Botto ou Annie ou tous ceux qui conduisaient comme des dingues sous mes pieds espéraient entendre un jour parce qu’on leur vendait ça depuis la nuit des temps : accomplis-toi, fils, croque la vie à pleines dents, elle est courte, il faut construire, bâtir, avancer. Le rêve, et la contrainte qui va avec. Ce qui te fait bien comprendre que tu as tout foiré, et ce qui te permet de ne pas te flinguer et de rester accroché au bastingage pour les trente ou quarante années à venir.
Commenter  J’apprécie          00
Le possible, c’est le champ restreint de ce que la vie n’a pas complètement salopé avant de te faire croire que tu pouvais y mettre du tien. Joue avec les miettes elle te dit, et sois heureux qu’il en reste encore, n’oublie pas de dire merci.
Commenter  J’apprécie          00
Mais j’avais cru qu’un jour ça arriverait, tout allait changer, la vie allait pouvoir commencer et tout ce qui s’était passé jusque-là ne relevait que de l’échauffement dont il ne fallait pas tenir compte.
 
Commenter  J’apprécie          00
Je n’avais que treize ans et je ne pouvais pas poser des mots sur le flot d’émotions qui me saisissait la poitrine. Ce matin, alors que toutes ces images affluent vingt ans plus tard, je me demande quand le grand renoncement s’est pour la première fois fait sentir et par quoi il a été annoncé. Si déjà, sur cette passerelle, je l’avais entrevu ou s’il était arrivé un dimanche matin, quelques années après, sans prévenir. De toute façon, tout semblait joué depuis longtemps, et j’avais traîné avec moi la découverte de la Californie, la remontée de l’Amazone en bateau, la traversée du Sahara à pied ou l’amour flamboyant d’une danseuse de ballet comme des mirages entrant encore dans le champ des possibles.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Bruno Masi (37)Voir plus

Quiz Voir plus

Des souris et des hommes

En quelle année est paru ce roman de John Steinbeck ?

1935
1936
1937

10 questions
908 lecteurs ont répondu
Thème : Des souris et des hommes de John SteinbeckCréer un quiz sur cet auteur

{* *}