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Citation de LiliLaChipie


— Tu as déjà joué aux échecs ?
Son expression dut la trahir. Jo pinça les lèvres d’un air déterminé.
— Sérieux ? C’est un scandale. Nous allons y remédier tout de suite.
Elle sauta du canapé et s’agenouilla à côté de la table de jeu dressée entre elles. De dessous elle tira une boîte en bois de la taille d’un carton à chaussures. Elle commença à en sortir des pièces lustrées, posa les noires de son côté et tendit à Allie un cavalier blanc.
Celle-ci le fit galoper dans les airs en poussant un hennissement. Jo lui jeta un regard méprisant.
— Petit poney, murmura Allie.
— Un peu de sérieux, voyons. Tu détestes les jeux de société. D’accord. Mais les échecs ne sont pas un jeu de société. Les échecs, au fond, c’est l’art de la guerre.
Comme elle faisait la grimace, Jo ajouta fermement :
— C’est fascinant, tu vas voir. Et, pour ton information, ajouta-t-elle en désignant la figurine en forme de cheval, ceci n’est pas un poney mais un redoutable cavalier.
Montrant un carré sur l’échiquier, elle ordonna :
— Mets-le ici.
Allie prit un air sage et plaça son cavalier comme demandé, pour aussitôt lancer un coup d’œil rebelle à son amie en marmonnant :
— Oh ! le joli dada…
Jo l’ignora et prit un pion.
— Voici tes fantassins. Ils ont une marge de manœuvre très limitée et peu de pouvoir mais, parce qu’ils acceptent de se sacrifier pour leurs supérieurs, tu ne peux pas gagner sans eux.
Elle reposa la petite pièce à tête ronde et en tira une autre qui ressemblait à une tourelle.
— Ça, c’est ta tour, la forteresse du roi – la seule qui soit autorisée à prendre sa place sur l’échiquier à n’importe quel moment. Son rôle est de perturber l’ennemi. Elle va ici.
Elle s’en débarrassa et plongea les deux mains dans la boîte. La droite tomba sur un élément qui évoquait vaguement un minaret.
— Le fou. Fourbe et dangereux, il a beaucoup de pouvoir. Je le considère un peu comme le favori de la reine.
Dans la gauche, elle agitait à présent une pièce longue et élégante.
— Le roi. Il est souvent plus faible que ce à quoi on s’attendrait – toutes les pièces le protègent et lui, il n’aide presque jamais personne. Sinon, il risquerait de mourir.
Allie appuya son menton dans le creux de sa main.
— Ça me rappelle du Shakespeare… en plus naze.
Jo choisit une figure blanche, couronnée et assez fine, qu’elle lui tendit.
— Ta reine. C’est une vraie garce. Mais si tu veux gagner, tu es obligée de collaborer avec elle.
— Génial. Et après, comment ça se passe ? Quand est-ce que je te mets la pâtée ?
Jo lui donna le reste des pièces blanches.
— À condition de t’entraîner très dur, tu peux peut-être espérer me battre pour ton vingt-septième anniversaire. Je joue aux échecs depuis l’âge de cinq ans. Arrange tes pièces comme moi et, ensuite, je t’infligerai ta première correction.
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