La première Renaissance Italienne, si belle, pure, si autonome, n'est pas donnée en Eu au monde par la papauté. Celle-ci n'y trouve pas son compte : ni Giotto, ni Masaccio, ni Carpaccio, ni Mantegna, ni l'Angelico, ni Botticelli, ni Ghirlandajo ou Lippi, ne sont pour elle autre chose que des barbares, des « primitifs », comme le sont les gothiques ou nos primitifs de Bourgogne. Ce sont des artistes trop provincialement patriotes, trop désintéressés dans leur foi ascétique, pour être les agents de diffusion rêvés par le Saint-Siège. Non, ce n’est pas à eux qu'une pareille lâche sera confiée : on ne leur accordera que d'être les soubassements de la nouvelle gloire romaine, celle qui secondera l’internationalisme catholique. C'est à la seconde génération de la Renaissance que sera dévolue l'emprise sur l’imprudent Occident qui est une fois encore venu jouer au conquérant et sen retournera joué par l’astucieuse puissance. C'est à Vinci, à Raphaël, à Michel-Ange, et surtout à leurs successeurs banaux, ampoulés, déclamatoires, que sera demandée l’œuvre d’usurpation.