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Citation de Charybde2


C’est à partir de l’exil, notre exil, à cause de nos pieds et de nos jambes partout sur les routes d’Europe, nos mines de misère, les vieux rituels hassidiques et les ruses des enfants comme Olga, Poïpy, que la raison prospère et la foi tempérée de la fin du siècle s’embrasèrent. Les gens se trompent. Ils emploient des grands mots, parlent d’antisémitisme, de sionisme, de Marx et de socialisme. Mais sans les millions de pauvres que les pogroms de Russie jetèrent sur les routes, il n’y aurait eu aucun bois pour le feu. Nous étions, nous, le bois. Nous étions l’espoir vide, ambulant, que des discours s’empressaient d’embraser. Des ombres que des démagogues doués de l’art si bourgeois de la parole manipulaient. Qui d’entre nous pour la grande cause de la révolution ? Qui pour la nostalgie de Sion ? Qui pour l’assimilation ? A chaque fois, une parole, un savoir s’emparaient de nos silhouettes de passants. Et c’est à partir de cet espoir vide, de tous ces foyers détruits, à l’est, que le rêve de Herzl prospéra. Ce rêve éveillé qu’il qualifiait lui-même de « roman » en ces jours, à Paris, où il croyait devenir fou. Un pays, un État, une Terre ! Comment ce conte n’aurait-il pas trouvé une demeure dans le cœur de ceux qui, comme nous, avaient été chassés de nos villages, de nos enfances ? Je dois le dire, je l’ai ressentie, cette attraction. Mais avec le recul, ayant vu dans cette fable ce qu’il y avait de folie, ayant compris ce que ce rêve de puissance de Herzl dissimulait comme peurs, je peux dire que si j’ai persisté à vouloir écrire sur lui, l’enfant gâté, le dandy désespéré de Vienne, ce fut pour une tout autre raison.
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