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EAN : 9782207133293
352 pages
Denoël (08/03/2018)
3.8/5   23 notes
Résumé :
Ce livre est le testament d'un Juif « sans terre », un gavroche des shtetls chassé de Russie par les pogroms, qui enquête dans les années vingt et trente du xx e siècle sur la vie de Theodor Herzl. Ilia Brodsky traverse l’Europe avec sa soeur aînée Olga, du camp de Brody à la frontière austro-hongroise, jusqu’à Vienne. Commis dans l’un des premiers studios photographiques de la ville impériale, Ilia y croise le jeune Herzl, un dandy qui commence à percer dans les mi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Le titre du roman graphique reprend le nom d'un journaliste et écrivain austro-hongrois Theodor Herzl, (1860-1904), fondateur du mouvement sioniste et du Fonds pour l'implantation juive pour l'achat de terres en Palestine à l'empire ottoman. Il a été l'un des premiers à mettre en place l'idée d'un État autonome juif.
Ce livre est le testament d'un Juif « sans terre », chassé de Russie par les pogroms, Ilia Brodsky, qui dans les années vingt et trente du xx e siècle rencontre dans l'un des premiers studios photographiques de Vienne le dénommé Herzl.
La vie des deux personnages est mixée, Ilia est le narrateur et nous suivons sa fuite de la Russie en 1882, son parcours à travers l'Europe et sa brève rencontre avec Herzl qui à l'époque n'est qu'un dandy nanti.
Quand les ambitions de Herzl prennent formes, la narration de son histoire fait se dissoudre la vie d'Ilia qui n'apparaît plus alors que comme faire parler de son mentor.
Ce qui est passionnant au delà de ce que ce roman graphique nous montre de ces deux existences c'est le tableau saisissant de l'Europe entre 1880 et 1930 approximativement, les courants politiques qui le traversent, la construction des sociétés juives et socialistes qui croyaient à la transformation sociale par l'Histoire, les interrogations des intellectuels sur le monde qu'ils souhaitent construire, la montée des nationalismes et de l'antisémitisme,
Le dessin d'Alexander Pavlenko est remarquable, il nous emmène tout au long du roman dans la description d'un rêve qui aurait pu émerger à la charnière du XIX et du XXe siècle, un rêve qui allait s'effondrer dans les flammes de l'Europe.
Comme le signale Camille de Toledo, il y a un livre «  à l'intérieur du livre, c'est une histoire subalterne de l'Europe, du point de vue du migrant, de l'exilé, celui qui est à côté des nations. Ilia Brodsky est le double, en miroir, de Herzl le bourgeois assimilé, qui s'est intégré dans la société viennoise ».
J'ai lu quelque part qu'il envisage d'écrire un livre sur l'histoire du Bund (1), c'est une excellente idée et je ne manquerai pas de le rechercher quand il sortira !

(1)
L'Union générale des travailleurs juifs de Lituanie, de Pologne et de Russie, plus connue comme le Bund, est un mouvement socialiste juif créé au Congrès de Vilnius en septembre 1897 et s'est dissout en Pologne le 16 janvier 1949 au congrès de Wroclaw. C'est le premier parti politique juif socialiste et laïc destiné à représenter la minorité juive de l'empire russe.
Militant pour l'émancipation des travailleurs juifs dans le cadre d'un combat plus général pour le socialisme, il prône le droit des Juifs à constituer une nationalité laïque de langue yiddish. Son concept d'autonomie culturelle s'oppose donc tant au sionisme qu'au bolchévisme dont les bundistes critiquent les tendances centralisatrices. Ce parti est également profondément antireligieux et considère les rabbins comme des représentants de l'arriération. le mouvement perd la plupart de ses adhérents et de son influence avec la Shoah.
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Je n'ai pas du tout réussi à entrer dans ce roman graphique.
Je m'attendais à une biographie de Théodore Herzl, et il s'agit en fait de l'histoire d'un photographe juif, Ilia Brodski, qui croise la route de Herzl à certains moments de sa vie.
De plus, je n'ai pas du tout accroché au style des dessins, ni à la couleur en noir et jaune.
Enfin, si les textes sont bien écrits, ils sont trop longs pour une bande dessinée et la police n'est pas très agréable.
Décevant!
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Camille de Toledo livre un roman dans le roman graphique... Il part d'Ilia Brodsky, un jeune juif immigré fuyant les pogroms russes pour s'installer à Vienne puis à Londres, que sa soeur finit par quitter pour New York. En toile de fond se crée le socialisme international. Nous sommes au tournant du siècle.

Plusieurs années plus tard, Brodsky écrit sur Herzl. Celui-ci, croisé par Brodsky alors qu'ils sont tous les deux enfants, est un journaliste qui va militer pour créer un état juif. de Toledo nous présente un sionisme qui prend l'affaire Dreyfus et ses suites, les bouleversements internationaux, de plein fouet. La monté de l'antisémitisme en Europe ne laisse aucune échappatoire. Il faut créer un état. Mais où?

De Toledo construit son récit en 4 parties: on part d'Ilia Brodsky. On migre sur la genèse/jeunesse d'Herzl. Puis on aborde le combat d'Herzl, qui remplace la présence de sa soeur défunte par une nation. On termine de nouveau sur Ilia, confronté au manque laissé par sa propre soeur défunte.

J'ai appris énormément de choses. Il faut bien le reconnaître. Ce n'est pas un sujet que je maîtrise, mais on se rend compte que nous vivons en 2018 les suites de ces combats sionistes face au socialisme juif international. Mais, malheureusement, de Toledo ne mène pas son analyse jusque là. le sionisme a gagné, l'identité juive n'a pas été retenue au départ comme un élément fondateur, contrairement à la nécessité de terre et de pierres, conçus au départ comme un refuge, un nachtasiel, un asile de nuit pour les juifs persécutés.

Le noir et blanc sépia et le découpage fonctionnent bien. Mais le traitement de l'info, la présentation, les textes comme des pavés indigestes, les monologues pompeux... tout cela m'a lassé, m'a gavé, m'a indisposé. Il y avait sans doute mieux à faire. Donc, la longueur conséquente, 340 planches suivie de 10 pages de biographies et d'informations, est un fardeau que le lecteur va traîner. A lire par petit morceaux en se documentant énormément sur le côté, afin de comprendre les tenants et aboutissants (majoritairement ignorés par Camille de Toledo).
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« Herzl, une histoire européenne » Scenario : Camille de Toledo, Dessins : Alexander Pavlenko. Éditions Denoël Graphic 2018

Gomel est un petit village miséreux perdu dans le grand « Yiddish land », zone de résidence obligatoire pour les juifs de l'empire, définie par Catherine II en son temps.

1882 : En écho à l'assassinat d'Alexandre II, Gomel est la cible d'un des nombreux pogroms. Ces massacres qui ont jeté les juifs orientaux sur les routes pour former ce qu'il était alors nommé « la question juive ».

Ilia Brodsky, gavroche mutique et orphelin, fuit l'empire tsariste avec sa soeur ainée Olga qui lui tient lieu de mère. Tous les matins, elle « réveillait ainsi Ilia pour qu'il n'oublie pas d'exister ».

Débute alors une longue errance qui les conduit à Vienne puis, en 1888, à Londres East End, creuset des cercles socialistes libertaires car « le socialisme était un pays ou même les orphelins avaient une patrie ». Certains quartiers de Londres ressemblaient ainsi à une « yeshiva sans Dieu ».

Communément, les juifs partageaient une patrie : le yiddish et l'expérience commune de l'exil. « Si nous choisissons l'exil, c'est une chose. Mais si nous y sommes contraints, tous nos souvenirs entrent en résistance »

Théodor Herzl, juif hongrois intégré, bâtit patiemment le mouvement sioniste. Entre Vienne et Londres, il croise Ilia Brodsky qui en fait son pygmalion.

« le pays à venir, sa terre promise, exerçait sur moi comme sur tant d'exilés, une séduction contre laquelle il était difficile de lutter. Cette attraction pour la terre, les gens qui habitent quelque part, qui ont un chez eux, ne peuvent pas réellement la comprendre »

Une problématique sous jacente du livre : pourquoi le bourgeois Theodor Herzl n'a-t-il pas renié le monde miséreux constitué des juifs errants ?

Telles des céramiques attiques, de larges aplats noirs servent de fond au dessin ocre que réhaussent des cartouches blanches. Celles-ci contiennent le texte à la typographie d'imprimerie tel un rappel au métier d'Ilia. Les dessins débordent de personnages rustres de la saga.

Entre tristesse et noirceur, le graphisme traduit merveilleusement la gravité historique.
Très belle BD.
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Etonnant livre. Je m'attendais à une BD sur Herzl (et centré sur Herzl) et en fait nous suivons la vie d'Ilia Brodsky qui va croiser la route d'Herzl puis plus tard enquêter sur lui. Deux personnes aux parcours si différent : Herzl est issu de la bonne bourgeoisie hongroise et vivra à l'aise toute sa vie, protégé par ses parents est sa femme. Ilia qui a perdu très tôt ses parents sera jeté sur les routes par les pogroms et ira d'abord à Vienne puis à Londres, vivant chichement de la photo apprise sur le tas à Vienne. Il sera un militant d'extrême gauche croyant à la libération des peuples par le socialisme. La première guerre mondiale mettra fin à ses rêves. Et pourtant tous deux, Ilia et Herzl ont des points communs, la perte de leur terre natale, l'amour porté à leurs soeurs (Pauline, la soeur d'Herzl est morte à l'adolescence, Olga, celle d'ilia mourra plus tard en couches aux USA), un sentiment de vide de leur vie qu'ils compenseront trous deux par un trop plein de combat, l'un pour le sionisme, l'autre pour le socialisme et une vie familiale ratée ou inexistante. Un livre attachant, émouvant, dur par moments et soutient la thèse que l'amour d'Herzl pour le sionisme est lié à celui de trouver une terre pour sa soeur.
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critiques presse (2)
Bibliobs
23 avril 2018
Le politologue israélien Denis Charbit et l'écrivain Camille de Toledo dialoguent autour du roman graphique "Herzl, une histoire européenne". Les deux intellectuels partagent leur vision du creuset dans lequel s'est fondé le projet sioniste.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Lexpress
26 mars 2018
La bande dessinée de Camille de Toledo et d'Alexander Pavlenko est consacrée au concepteur du projet d'un Etat juif, Theodor Herzl.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (36) Voir plus Ajouter une citation
C’est à partir de l’exil, notre exil, à cause de nos pieds et de nos jambes partout sur les routes d’Europe, nos mines de misère, les vieux rituels hassidiques et les ruses des enfants comme Olga, Poïpy, que la raison prospère et la foi tempérée de la fin du siècle s’embrasèrent. Les gens se trompent. Ils emploient des grands mots, parlent d’antisémitisme, de sionisme, de Marx et de socialisme. Mais sans les millions de pauvres que les pogroms de Russie jetèrent sur les routes, il n’y aurait eu aucun bois pour le feu. Nous étions, nous, le bois. Nous étions l’espoir vide, ambulant, que des discours s’empressaient d’embraser. Des ombres que des démagogues doués de l’art si bourgeois de la parole manipulaient. Qui d’entre nous pour la grande cause de la révolution ? Qui pour la nostalgie de Sion ? Qui pour l’assimilation ? A chaque fois, une parole, un savoir s’emparaient de nos silhouettes de passants. Et c’est à partir de cet espoir vide, de tous ces foyers détruits, à l’est, que le rêve de Herzl prospéra. Ce rêve éveillé qu’il qualifiait lui-même de « roman » en ces jours, à Paris, où il croyait devenir fou. Un pays, un État, une Terre ! Comment ce conte n’aurait-il pas trouvé une demeure dans le cœur de ceux qui, comme nous, avaient été chassés de nos villages, de nos enfances ? Je dois le dire, je l’ai ressentie, cette attraction. Mais avec le recul, ayant vu dans cette fable ce qu’il y avait de folie, ayant compris ce que ce rêve de puissance de Herzl dissimulait comme peurs, je peux dire que si j’ai persisté à vouloir écrire sur lui, l’enfant gâté, le dandy désespéré de Vienne, ce fut pour une tout autre raison.
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Ça doit être pour ça, j'imagine, que je me suis mis en tête d'écrire sur le tard. Écrire contre Herzl, pour ceux qui n'ont pas de pays, pour ceux qui n'appartiennent pas. C'est cet orgueil qui m'a donné le courage, avant de mourir, d'accumuler ces quelques notes, pour laisser une trace, un témoignage de ce qui n'a pas de lieu, pas de place. L'orgueil m'a porté à vouloir donner corps à une nation sans terre, sans État. Voilà ce que j'ai fait contre Herzl. J'ai voulu, avant de me résoudre à dis-paraître, esquisser une autre forme d'avenir. Après tout, mêmes les fantômes méritent un pays.
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Dans ce jeu de la misère et de l'exil, il y avait les joueurs comme Poïpy qui connaissaient les règles, ceux comme Olga qui les apprenaient vite. Et puis il y avait les pions comme moi, qui ne comprenaient rien.
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Je m’appelle Ilia Brodsky.
Je viens juste de mourir. Je ne sais pas d’où vient cette idée que l’on est plus voyant une fois mort, mais c’est vrai, je vois mieux maintenant. Ma vie et tous ces écrits que je laisse derrière moi n’auraient sans doute aucun intérêt si je n’avais pas croisé dans mon enfance un Viennois célèbre qui a marqué mes jeunes années avant la guerre. Il s’appelait Herzl, Theodor, et sa mère voulait qu’il soit écrivain. Lui parvint à devenir dramaturge, puis journaliste mais, appelé par ses espoirs de grandeur, il se prit à rêver l’Histoire, à écrire l’Avenir. Il imagina un État, une nation où l’on serait beau, fort et bien vêtu. Comme des Français. Comme des Allemands. Tout au long du voyage qui m’a conduit à travers l’Europe jusqu’à Londres, je me suis interrogé sur ce rêve. Ce grand rêve bourgeois de la nation, de l’État. Mais avant toute autre chose, je crois qu’il est important de comprendre d’où je parle, depuis quel exil et pourquoi j’ai finalement décidé de me tuer. Peut-être qu’alors, grâce à mon témoignage, ceux qui sont condamnés à vivre entre les lignes tracées par l’Histoire de la force, de la puissance, auront enfin un pays.
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Je me souviens de très peu de choses de mon enfance. Mais les sensations sont plus tenaces que les faits. Alors oui, de ma peur, je me souviens. Comme une ombre, elle me poursuivait depuis ma naissance. Je suppose aujourd'hui, que c'était elle qui m'empêchait d'avancer.
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Avec Jean-Luc Fromental & des auteurs du catalogue Entretien mené par Victor Macé de Lépinay Dessins en direct par François Olislaeger
De Donald qu'il découvre à 4 ans, à Gemma Bovery, le roman graphique de Posy Simmonds paru en 2001, qui mènera à la création de Denoël Graphic, Jean-Luc Fromental racontera son éducation en BD. Une traversée-éclair d'un demi-siècle de figuration narrative, ponctuée des diverses révolutions auxquelles il s'est trouvé mêlé, comme lecteur d'abord, puis comme praticien.
Lors de l'entretien qui suivra, il évoquera les vingt ans d'existence de la collection, et sera rejoint par des auteurs présents dans la salle, Antonio Altarriba, Steven Appleby, Ugo Bienvenu, Joëlle Jolivet, Gérard Lo Monaco, Chantal Montellier, Posy Simmonds, Camille de Toledo, Marcelino Truong… par exemple !
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