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Citation de triple_l_de_mag


J'ai pleuré en silence, chaque soir, pendant des semaines. En silence, parce qu'on m'a enlevé la légitimité du deuil. Longtemps j'ai même pensé que ce mot-là m'était interdit, qu'il était destiné à de plus grandes souffrances. On n'est pas en deuil lorsqu'on fait une fausse couche à trois mois et demi de grossesse, non, évidemment que non. On doit même remercier la nature, puisqu'elle fait si bien les choses. Alors pourquoi cette tristesse infinie qui colle aux semelles ? Pourquoi ces yeux qui s'emplissent de larmes dès qu'ils croisent une femme au ventre arrondi, une poussette, une petite main qui s'agrippe pour maintenir un équilibre précaire ?
Un reliquat d'hormones sans doute. Pas un deuil à sur-monter.
Je me suis sentie seule, terriblement seule. Parce que Aymeric, lui, très vite, est passé à autre chose. Il était déçu bien sûr, et un peu malheureux sans doute, mais il n'y avait rien de concret, rien de palpable. C'est comme s'il avait seulement perdu la promesse de quelque chose. Alors que moi, j'ai perdu un bébé. Je ne lui en ai pas voulu pour ça, en tout cas je ne crois pas.
Il n'a jamais tenté de me réconforter à grands coups de maximes aussi stupides qu'inefficaces. Même s'il était évident pour nous deux que sa souffrance était moins grande que la mienne, il n'a jamais cherché à la minimi-ser, à la rationaliser. Malgré cela, les semaines passant, je sentais bien qu'il n'arrivait pas à la partager. J'étais seule avec elle.
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