AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Presence


Torquay, mai 1815. Quelle est ma faute ? J’ai rêvé ma fille, mon bébé, engloutissant mon sein, la jolie joue prolongeant le galbe de ma poitrine gonflée. J’ai rêvé son regard fixé sur le mien, ses grands yeux bleus comme hypnotisés, sondant le tréfond de mon âme sans un battement de cil. Pour elle, j’étais l’alpha et l’oméga, j’étais l’absolu, j’étais le tout. J’ai rêvé qu’elle était vivante. Quelle est ma faute ? Je me souviens de ce naufrage, l’année dernière. La mer du Nord vomissait les marins du Gottfried Mehn sur la côte de Whitby. Sa langue d’écume léchait les cadavres gonflés qui roulaient en crissant sur la grève. Parmi tous ces corps désarticulés, il y en avait un qui respirait encore. Un vieux matelot qui resta entre la vie et la mort plusieurs semaines durant. L’abîme se refusait à lui. Il respirait, mais ne bougeait plus. Son cœur battait, mais personne ne l’entendait. Et le docteur Cline, ce brave docteur Cline, le ramena à la vie par des frictions, des massages, il le ramena à la vie. Cet homme était vieux, mon enfant était pimpant. Ce marin était laid, mon bébé était un ange. Ce Lazare portait les péchés du monde, ma fille était l’innocence. Pourquoi est-elle morte ? Quelle est ma faute ?
Commenter  J’apprécie          50





Ont apprécié cette citation (5)voir plus




{* *}