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Critiques de Carmen Boullosa (7)
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Avant

Second roman de Carmen Bullosa, Avant expérimente la narration comme un jeu teinté d'autobiographie. Ce témoignage d'une fillette devenue conscience fantasmagorique, fragmentée entre les souvenirs et la mort, se trame avec un turbulent Mexico des années 50 comme toile de fond. Toujours à la lisière de la folie, cette histoire schizophrène nous emmène dans les méandres imaginaires, féconds mais chancelants d'une enfant habitée de voix et de visions.

Remarquablement construit selon un montage anachronique de souvenirs, ce livre suit un fil conducteur dicté par les peurs et la confrontation avec les hallucinations, entraînant le lecteur dans une confidence étonnante.
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Duerme : L'eau des lacs du temps jadis, num..

Dans cette oeuvre difficilement classable (récit d'aventure, histoire exotique, narration historique), Carmen Bullosa construit une fable où l'entreprise coloniale espagnole au Mexique est relue au travers des croyances indigènes, mais sans chercher à imposer une identité ethnico-culturelle.

La poésie succède aux visions et les visions à la narration, l'auteur visiblement sème le trouble et s'en amuse pour mieux dire combien la littérature peut se vivre comme un exorcisme et une source de questionnements.
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Disparaître

Aux antipodes du roman de formation traditionnel, Disparaître (un de ses premiers romans) introduit, dans style très personnel, un pouvoir paternel complètement perturbateur, que l'on retrouve également dans son livre Avant, face à une enfance aux repères terriblement friables. Cette conception de la littérature de Carmen Boullosa comme exorcisme et questionnement se retrouve dans toute son oeuvre, d'une incroyable fécondité.
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Mejor desaparece

Aux antipodes du roman de formation traditionnel, Disparaître (un de ses premiers romans) introduit, dans style très personnel, un pouvoir paternel complètement perturbateur, que l'on retrouve également dans son livre Avant, face à une enfance aux repères terriblement friables. Cette conception de la littérature de Carmen Boullosa comme exorcisme et questionnement se retrouve dans toute son oeuvre, d'une incroyable fécondité.
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Duerme : L'eau des lacs du temps jadis, num..

Duerme : L'eau des lacs du temps jadis est un court roman, voire une longue nouvelle, qui prend place au Mexique du 16eme siècle.

On y découvre Claire (ou Clara) une française, ancienne pirate, dont le destin devrait être le sacrifice subi afin de sauver la tête d'un notable espagnol tombé en disgrâce. Mais les connaissances spirituelles et médicales des indiens font qu'en changeant son sang en eau (locale, pure, magique) Claire ne peut plus mourir. La seule contrainte à cette immortalité est l'obligation de ne point s'éloigner de la ville de Mexico, sous peine de sombrer dans un sommeil sans fin.



Carmen Boullosa plonge le lecteur dans un univers pour le moins étrange, oscillant entre récit historique, roman d'aventures, rite initiatique, et poésie théâtrale.



Sa protagoniste est également à la frontière de plusieurs mondes : aventurière, parfois homme, parfois femme, femme fragile ou tempétueuse, pirate ou indigène ou notable voire héroïne de conte...



Les personnages secondaires y sont bien brossés, restent crédibles et intéressants.



L'auteure dépeint avec force la domination et la violence des Espagnols à l'égard des indigènes, et les comportements immoraux des représentants du roi ou de leurs soldats.



L'ouvrage se lit assez rapidement, avec surprise et plaisir. C'est un véritable ovni, dont l'héroïne si particulière se révèle particulièrement attachante. Trimballée au gré des évènements, parfois salie et malmenée, elle reprend aussi, par moments, l'emprise sur sa destinée, pour finalement s'établir comme une figure combative et rebelle.



Duerme : L'eau des lacs du temps jadis est donc un livre hors cadre, bien écrit, dont on suit le cours avec attention. C

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Disparaître

« Il est entré dans la maison en courant, bruyamment, tout excité, sur le point d’exploser, et nous l’avons entendu et senti avant même qu’il ne se mette à produire ces cris horribles que nous connaissions si bien et qu’il ne devait jamais plus émettre. Il est entré comme un enfant, un enfant sauvage, hors de lui (…) Que criait-il ? Criait-il : Venez ! Criait-il : Ça va tomber si vous ne vous dépêchez pas ? Ou criait-il : Venez vite voir ce que je vous ai apporté ? (…) Encore aujourd’hui, après toutes ces années, il me semble sentir ce ton dans les moments terribles, quand j’ai l’impression que, pour un caprice, l’univers est sur le point de s’écrouler. »



La vie de famille des Ciarrosa changea du jour au lendemain, lorsque le père ramassa « Ça » dans la rue. Mais qu’était-ce donc ? Un déchet ? Une bête ? Si elle est repoussante, cette chose attire et fascine la famille, au premier rang de laquelle le père qui semble ne plus pouvoir en détourner son attention.



Les filles de la maison grandissent comme des fleurs en pot : à l’étroit, constamment surveillées, elles évoluent dans un monde clos et inquiétant. Des fleurs, d’ailleurs, elles portent les prénoms. Marguerite, Orchidée, Magnolia… « Le lecteur se demandera pourquoi nous ne nous échappons pas. Peut-être dans sa question percevra-t-on une once de reproche que nous pourrions traduire comme il suit : Puisque vous ne le faites pas, vous méritez la vie que vous menez ! Dans l’immédiat sortir d’ici est impossible, il est clair que nous n’avons qu’une vie et que nous ne pouvons pas penser à une scission.



Carmen Boullosa, avec le style nuancée, lapidaire et imagé qui est le sien, raconte le quotidien de cette famille, comme un jardin d’Eden où les pommes seraient irrémédiablement gâtées. Ce récit intriguant, mystérieux, capte et fascine. Par la brièveté des chapitres et l’écriture claustrophobe de cet espace familial, il nous rappellera un peu L’écume des jours de Boris Vian. L’écrivaine mexicaine n’est pourtant en rien étrangère à ce foyer de fleurs fanées. L’alternance de la narration à la première personne ainsi que l’intimité nous laissent rapidement penser qu’elle livre ici un récit au plus près de son vécu. Elle confie d’ailleurs que la publication de ce récit, le tout premier de cette auteur reconnue comme un des piliers de la littérature mexicaine, ne fut pas chose facile. Comme toutes les vérités intimes, elles fascinent autant qu’elles dégoûtent.



Qu’est ce que ce « Ça » si obsédant ? N’importe qui en pleine possession de ses moyens, peut ramasser ça dans la rue et le jeter quelques mètres plus loin (…) Mais le cas de papa va beaucoup plus loin que ceux qui viennent d’être décrits (…) en dehors du fait que ça me dégoûte d’y penser, je ne le crois pas, car je ne l’ai jamais vu le toucher – il devait prendre des cartons comme je l’avais fait ou une pelle pour le faire passer constamment d’un lieu à un autre.



Mais si répugnant qu’il soit, et si insignifiant, le « ça » devient une idée fixe pour tous les membres de la famille, comme toutes les secrets de famille ou les cadavres dans les placards…



Pour le lecteur initié à la psychanalyse, le « ça » nous évoque le lieu obscur et sombre où se terrent les plus inavouables pulsions de la vie et de la mort. Des élans sans objets ni raisons.



Il est ici tout aussi insidieux, il est quelque chose de nocif et de radicalement étranger à la famille.



Et pourtant, face à ce « ça » si intrusif, la famille se resserre autour d’une sourde violence. Orchidée s’enfuit, jetant un peu plus l’opprobre sur une famille déjà blottie dans sa honte et sa solitude. Malgré un défilé d’étrangers, palliatifs éducatifs ou ménagers, rien ne semble pouvoir endiguer la dégradation du foyer : vous n’avez rien, vous n’avez jamais rien eu. Vous êtes nés d’une feuille ; votre corps est un vestige ; ce sont les ruines d’un passé qui n’a jamais été présent ni futur. Personne ne le démentira jamais.



Disparaître est un texte dur et poétique, sur la rudesse et la force des liens familiaux, sur ce qu’ils détruisent, et sur ce qu’ils renforcent. Carmen Boullosa ne donne ni conseils ni morale, elle narre comme un poème une enfance égrainée par la violence et le ressentiment.



Aussi écrit-elle :



C’est nous les morts



- les abandonnés,



les laissés pour compte –



pas vous,



pas vous qui nous regardez sans reproches



(…)



C’est nous et pas vous



Dont le squelette rapetisse chaque jour



Dont la bouche est de plus en plus vide



Juste un goût amer



Car les goûts, nous les avons épuisés.




Lien : http://dubeditions.com
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Eux les vaches, nous les porcs

Lorsque Smeeks s’engage au service du Gouverneur en direction des Mers Caraïbes, il ignore tout de la vie et des aventures qui l’attends.



A bord du navire qui l’entraîne vers les eaux chaudes et dangereuses du Nouveau Monde, s’éveillent pour lui les premiers émois pour une femme, embarquée clandestinement parmi les marins. Elle restera « Elle » pour Smeeks, symbole ultime de la féminité, pour celui qui n’était qu’un enfant prépubère.



Mais débarqués sur la célèbre Ile de la Tortue, les choses ne semblent pas se passer comme prévues pour les hommes du Gouverneur. Smeeks découvre la violence, la défaite, le sexe (par les prostituées qui le prennent en amitié) et découvre l’esclavage et la servitude. Mais cette entrave sera pour lui l’occasion de rencontrer celui qui allait être son mentor, Nègre-Miel. Maître en la matière d’herboristerie et déployant toutes sortes de talents. Par cet enseignement, Smeeks se fait repérer sur l’Ile de la Tortue comme l’héritier de son savoir après le meurtre de celui-ci. Devenant tour-à-tour élève du chirurgien des Pirates, soigneurs de la maison close de l’île il s’embarque finalement comme pirate lui-même à bord du navire du terrible François L’Olonnais.



Cruels et sadiques, les hommes écument les mers, pillent les indiens des îles, saccagent, violent et tuent ceux qui croiseront leurs chemins, jusqu’à la fin célèbre de François L’Olonnais, tué, rôti et mangé par les Indiens….



Dans ce roman propre au style de Carmen Boullosa, où les narrations s’entremêlent et où, loin des écueils du Bien et du Mal, le jeune Smeeks devient Le Trépanneur, pirate sanguinaire et guérisseur…



Entre faits historiques, fiction et roman épique, l’auteure entraîne son lecteur dans un récit aux odeurs de sang, de souffre et de poudre.



Pudique et violent à la fois, l’écriture entraîne loin de la morale et de la logique, dans la quête effrénées d’hommes avides, sans plus rien à perdre, pour qui gagner signifiait dépenser, consommer et piller à nouveau. Au travers de ce cycle sans fin, où seule la mort brutale est un frein (en atteste la fin incroyable de l’Olonnais), Carmen Boullosa nous décrit la vie de ces pirates de l’Ile de la Tortue, loin des clichés romantiques de Hollywood, une société à la fois soudée, constituée en une véritable confrérie (les célèbres Frères de la Côte) et la violence permanente du règne de la Terreur et du plus fort, la guerre de tous contre tous, maintenue par une faim boulimique d’action, d’argent et de violence.



De Smeeks au Trépanneur, il n’y a finalement qu’un pas, qu’un glissement, qui s’opère presque naïvement, à l’insu du personnage lui-même.



Avec l’orfèvre de l’écriture qui lui est propre, Carmen Boullosa relate dans « Eux les vaches, nous les porcs », toute la violence, l’injustice, mais aussi la fraternité, inévitable à l’histoire de toutes les luttes humaines.


Lien : http://madamedub.com/WordPre..
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