Caroline Anssens

Livre reçu dans le cadre de la masse critique.

Premier roman de Caroline Anssens dans lequel elle raconte les souvenirs d'une adolescente confrontée à la maladie de sa mère, l'impact sur leur vie de famille et le décès de celle ci.

Roman très court, sans chapitres, uniquement avec des paragraphes. Ca c'est pour la forme. Pour le fond, c'est dur, douloureux, on sent l'incompréhension de cette jeune femme, sa colère de ne pas avoir pu profiter de sa jeunesse. Ce drame les a fait murir, elle et sa jeune sœur, les obligeant à affronter le quotidien face à un père à la dérive.

Elle retrace de nombreux souvenirs, nous sommes dans les années 60-70. Ils sont égrenés sans forcement suivre un ordre chronologique, ce qui m'a perturbée parfois..

Mais les sentiments sont présents, la nostalgie d'une vie de famille, l'espoir, l'amour, mais surtout l'incompréhension, le refus de la maladie, les regrets également et ce besoin de se souvenir de tout...

Très beau roman fort et poignant où il est question du deuil d'un parent vécu par une adolescente. Beaucoup de sentiments variés, mêlés aux souvenirs heureux comme douloureux, jalonnent ce récit. On retrouve la narratrice à diverses époques qui s'entrecroisent mais moi cela ne m'a pas gênée. Il me semble que traverser une épreuve aussi violente peut provoquer de la confusion dans les souvenirs ou tout au moins dans leur chronologie. Comment cette jeune fille s'est construite face à cette cruelle absence, quelle adulte elle est devenue, quel regard elle porte sur le parent restant, sur le couple que formait ses parents... tels sont les thèmes abordés ici avec authenticite et intelligence. Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Et le bruit de ses talons pour cet envoi dans le cadre de masse critique :)

A l’aube de ce texte, je suis déjà remuée par les effluves, le tango saccadé de ces mémoires.

Suite de petits paragraphes sans interruption qui retracent les réminiscences, la fracture de l’âme, du cœur et de l’esprit. La disparition prématurée d’une mère.

Une rancoeur palpable envers son père, une fissure profonde, béante, sanglante.

Cette expiation de la colère, de la rage, de ce sentiment d’impuissance d’une jeune fille face au deuil qui examinera bien plus tard la situation avec des yeux sans brouillard.

Cette adolescente perdue, se remémore des instants précieux mais aussi douloureux, incompréhensibles. Une mère qu’elle idolâtre, une mère qu’elle déteste de l’avoir abandonné, quitté. Et ce père dont elle exècre son nombrilisme masculin, outrancier, qui a abandonné le navire à la dérive, en dérivant lui-même dans ses abysses.

C’est un très beau texte sans aucun doute. Cependant, il est difficile de suivre le fil conducteur. L’auteure à la volé disperse les mémoires du temps passé par touche aléatoire. J’ai du mal à m’immerger complètement dans cette litanie. Je vogue malgré moi dans un océan houleux entre froideur, tourment et cœur qui flanche devant tant de bouleversements émotionnels.

On ressent cet amour perdu, ce manque, cette reconstruction qui a été perturbée, sans repaire et brutale. Grandir trop vite, des vides à combler, vouloir continuer à être normal. Cette existence oppressante, cruelle qui se charge de responsabilités malgré ce manque.

C’est un récit fort en ressenti qui transperce, un

récit choc, un récit dont l’issu percute. L’impuissance face à la maladie, la construction bancale à l’âge adulte, la survie, la douleur, puis finir par accepter et comprendre la transmission précieuse des valeurs, des petits riens, un tout.

Vous l’aurez compris une histoire qui touche profondément, empathique et transperce.

L’histoire en elle-même m’a plu, par contre le modèle paragraphes décousus le uns des autres beaucoup moins. C’est ce qui l’empêche d’être un coup de cœur indubitablement.