Femme objet
On s'alourdit
S'engrossit
S'anorexit
Se prostitue pour lui
S'approprie
Pleure, oublie
S'épanouit pour lui
Voudrait mourir
Ne surtout pas vieillir
Rester belle
Eternelle pour lui
Mais ils cherchent toujours mieux
Visent les cieux
Nous veulent plus belles, plus jeunes, plus blondes
Plus grandes, plus frêles
Cette quête irréelle
Devant la mortelle.
Ils nous voudraient encadrées
Une Joconde figée
En dehors du temps
Et de ses désagréments.
Alors ils nous jettent
Sous leur besoin de liberté le prétexte
Disent réorienter leur vie
N'avoir plus de plaisir
Avec nous ne plus jouir
Nous sommes devenues obstacles
A leur réalisation le sacre.
Alors nous nous retrouvons seules pour lui
Sans amour, sans ami
Anémiques de vie.
Au hasard
J'ai un soir
Rencontré un homme
Sur un banc par hasard.
Il m'a un peu conté sa vie
Je lui ai confié la mienne,
Sans gêne, sans rivalité,
Ni amour, ni haine.
Nous avons fait un bout de chemin
En changeant ce monde
A notre faim.
Puis l'on s'est quittés
Au hasard d'un banc
Sans laisser d'adresse
Ni même connaître nos noms
A quoi bon!
Il ne reste de cette rencontre
Qu'un visage, une image,
Celle de ce nouveau monde
Que nous avons façonné
L'espace d'une soirée d'été.
Naissance
Blanc, tout blanc
Froidure, tremblement
Douleur, souffrance
Sont les maux de l'enfance.
Exciter, divaguer
Hurler, déchirer
Contraction, douleurs intolérables
Temps devenu irréel, plus rien de matériel
Vague fluidité.
Sang de la mère
Délire du père
Cri de l'enfant
Face au monde qui l'attend.
J'ai de l'amour à revendre
A qui veut bien le prendre
J'ai de l'amour en trop
A faire couler les paquebots
Extrait de Femme girafe.