Arrive alors un autre petit groupe. Deux couples dont les femmes sont vêtues, l’une d’une robe en cuir, l’autre d’une jupe et d’un bustier en vinyle. Les hommes qui les accompagnent portent un pantalon, un t-shirt en latex et une veste. L’un des deux retire sa veste, son t-shirt découpé au niveau des aréoles dévoile des pinces sur les tétons. Élodie, bouche bée, porte machinalement ses mains à sa poitrine. Le videur leur ouvre la porte et leur souhaite une bonne soirée avant d’inviter Florian et Élodie à dégager l’entrée. Elle, toujours les mains sur ses seins, regarde son ami, abasourdie. Lui, explose de rire et l’emmène avec elle à la recherche d’un taxi lorsqu’une voix se fait entendre dans la rue déserte. Une femme a visiblement perdu son chien et crie Médor à tue-tête. Machinalement, Florian et Élodie jettent un coup d’œil furtif autour d’eux, sait-on jamais.
- Médor… Médor ! Je te préviens, je vais rentrer sans toi !
Des claquements de talons résonnent sur les pavés. Une silhouette apparaît alors sous le faible éclairage d’un réverbère. Élodie saisit Florian par le bras pour l’empêcher d’avancer. La femme se tourne en direction d’une ruelle.
- Ah, te voilà !
Élodie et Florian regardent dans la même direction, attendant de voir la bête à poils débouler, mais c’est un homme qui arrive en courant à petits pas et vient s’installer, tête baissée, juste en dessous du réverbère. La cinquantaine, il n’est pas très grand, plutôt charmant avec ses petites rondeurs. Vêtu d’un pantalon en cuir, il porte un pull moulant qui le boudine et, autour de son cou, un collier de chien auquel la silhouette féminine accroche une laisse. L’homme se met à quatre pattes et embrasse les escarpins de celle qu’il accompagne.
- Pardon, maîtresse, j’ai encore du mal à courir avec le plug dans l’anus.
Élodie plonge son visage dans la veste de Florian pour étouffer son rire. Même si elle ne sait pas ce qu’est un plug, elle imagine bien que le type a un truc dans le cul.
- Je ne t’ai pas autorisé à te plaindre salope, tu n’as qu’à t’entraîner !
- Oui maîtresse, pardon. Je ne suis qu’une traînée, je suis indigne de vous.
- T’en-traî-ner, t’es bouché ou quoi ?
- Pardon maîtresse. Puis-je me relever ?
- Non, tu m’as agacée en moins de deux. Tu vas me suivre à quatre pattes comme un bon chienchien. - Mais chouchoune… mon pantalon tout réparé !
La femme sort enfin de l’ombre et se colle contre lui, le saisissant par le collier. Élodie ne cache pas sa surprise en voyant apparaître Barbara sous la lumière du réverbère, encore plus belle et plus puissante version nuit.
- Écoute-moi bien petite crotte, avise-toi de m’appeler chouchoune dans la soirée et c’est le supplice de la guenon, compris ?
- Oh non, pitié maîtresse… pas le supplice de la guenon !
Il couvre ses escarpins de baisers et promet de se comporter comme un bon chien docile, elle lui caresse la tête. Le couple se sourit et reprend sa marche en direction du club. L’homme avance à genoux sur les pavés, péniblement. Il souffre mais son regard en dit long sur l’amour qu’il éprouve pour elle. Élodie ne les lâche pas des yeux jusqu’à ce qu’ils franchissent la porte en bois. Florian reste bouche bée, interloqué par ce fameux supplice de la guenon.
- C’est elle… c’est la femme dont je t’ai parlé.