C’est le surnom que je te donnais dans ma tête avant. Fifi Brindacier, évidemment. Poil de Carotte, parfois, me taquine-t-il en s’approchant de l’une de mes mèches. Et Petit Flamboyant, pour ta couleur de cheveux bien sûr, mais avant tout, parce que tu as toujours eu ce pouvoir d’éclairer mes journées, de leur donner encore plus de couleurs. Aujourd’hui, si on poursuit dans cette logique, je dirais que tu les enflammes, annonce-t-il en se mettant à rire de sa plaisanterie.
Cet incident a eu lieu le jour de leur enterrement. Nous faisions la réception dans la maison, mais j'en avais assez que tout le monde me présente ses condoléances, alors je suis montée dans ma chambre. En m'y enfermant, je me suis tout de suite sentie apaisée. Les voix n'étaient plus qu'un brouahah sourd et indistinct. Je me suis dit que tout le monde était occupé et ne me verrait pas. J'ai mis mon plan en action, celui que je préparais depuis leur mort.
Je ne sais pas si elle a raison sur ce point. Je me suis retranché dans mon coin pendant deux ans, fermant la porte aux vrais sentiments, alors il en faudra plus pour me faire craquer. Mais si fissure il devait y avoir, je ne doute pas que ce serait cette femme qui puisse le faire.
Je sens son corps se contracter, ses orteils se recroqueviller et son dos s’arcbouter. Nous maintenons notre contact visuel, jusqu’au bout, nos doigts entrelacés, alors que nous jouissons dans la plus belle des symphonies.
Je t’appréciaime, moi aussi.