Catherine Aygalinc

Paris, grande ville de solitude,
brousse et jungle humaine.

Blaise Cendrars, " Moravigine", 1948

La Seine s'ennuyait en ce début d'automne
Ses longs bateaux tragiques
avaient de grands soucis
Sous le pont Mirabeau
des clochards monotones
regardaient les amants se mêler à Paris.

Léo Ferré .(Testament phonographe. 1950-1956)

(...) Paris est une association de villages qui,
l'un aidant l'autre, finissent par créer et protéger autant
qu'il est en leur pouvoir un musée que beaucoup de Parisiens ignorent mais dont ils sont orgueilleux.

Pierre Mac Orlan, " Yves Brayer et Paris", 1964

Montparnasse battait son plein.
On se réunissait au Dôme, au Jockey,
à la Rotonde [...].
Je me sentais au coeur du monde.
Au centre du monde.
Au sommet.
Sur les hautes cimes où souffle l'esprit.


Nathalie Sarraute
Martereau 1953.

( ...) Le reflet de la Seine envahit peu à peu le ciel,
fait du ciel de Paris un lac gris bleu, parcouru par la brise légère qui descend des côtes du fleuve (...)
Un ciel plein d'eau verte et bleue, par moments, un ciel de Manet.

( p.288)

Curzio Malaparte, " Journal d'un étranger à Paris", 1966

Mille attaches secrètes nous retiennent à Paris:
Le nom d'une rue- la vôtre- d'une station d'autobus,de métro,
L'adresse d'un camarade, le numéro
de téléphone d'une jeune femme- amie d'un soir ou
de toujours- la plainte stridente d'un remorqueur,
des odeurs de feuilles mortes à l'automne,
de lilas au printemps, les belles soirées d'avril,
les marronniers épanouis (...) portant leurs fleurs
au bout des branches comme des lampions (...)

Francis Carco, " Nostalgie de Paris", 1952


( p.224)

Mais Paris est une viĺle- livre, une ville écrite,
Une ville imprimée. Une ville-livre faite de milliers
de livres.Une ville dont on pourrait dire qu'elle
est le rêve d'une bibliothèque, si l'on pouvait
attribuer à une bibliothèque la faculté de rêver .



(Leonardo Sciascia, " Mots croisés, Paris, 1983, Extrait de " Paris Poète", Hazan, 2008)

On vient à Paris chercher la beauté,
l'intelligence, l'objet bien fait, la joie, le plaisir et les illusions.

Elsa Triolet, " Pour que Paris soit", 1956

Qui avait dit que cette flèche
de Notre-Dame-de--la-Brocante servait
à "suspendre Paris au plafond de l'univers" ?

Umberto Eco, "La Pendule de Foucault", 1988

Le soleil qui se lève
Et caresse les toits
Et c'est Paris le jour
La Seine qui se promène
Et me guide du doigt
Et c'est Paris toujours
Et mon cœur qui s'arrête
Sur ton cœur qui sourit
Et c'est Paris bonjour
Et ta main dans ma main
Qui me dit déjà oui
Et c'est Paris l'amour
Le premier rendez-vous
À l'île Saint- Louis
C'est Paris qui commence
Et le premier baiser
Volé aux Tuileries
Et c'est Paris la chance
Et le premier baiser
Reçu sous un portail
Et c'est Paris romance
(...)
Et c'est Paris nous deux
Un regard qui reçoit
La tendresse du monde
Et c'est Paris tes yeux
Le serment que je pleure
Plutôt que ne le dis
C'est Paris si tu veux
Et savoir que demain
Sera comme aujourd'hui
C'est Paris merveilleux

Jacques Brel
" Les Prénoms de Paris", 1961


( p.214)

Montparnasse battait son plein.
On se réunissait au Dôme, au Jockey, à la Rotonde (...)
Je me sentais au cœur du monde.Au centre du monde...
Au sommet.Sur les hautes cimes où souffle l'esprit.


Nathalie Sarraute, " Martereau", 1953

(p.194)

Il passe plus de livres dans les boîtes
des quais qu'il ne coule d'eau
sous les ponts de Paris.

Blaise Cendrars, " Bourlinguer", 1948

(...) c'est pas un fleuve la Seine
c'est l'amour en personne
c'est ma petite rivière à moi
mon petit point du jour
mon petit tour du monde
les vacances de ma vie
Et le Louvre avec les Tuileries la Tour Eiffel la Tour
Pointue et Notre-Dame et l' Obélisque
la gare du Lyon ou d'Austerlitz
c'est mes châteaux de la Loire
la Seine
c'est ma Riviera
et moi je suis son vrai touriste (...)

( p.242)

Jacques Prévert, " Choses et autres, La Seine a rencontré Paris", 1972

Le ciel de Paris, le plus beau du monde,le plus nuancé, appelle davantage le coup de foudre que le coup de tonnerre.

Antoine Blondin, " Paris que j'aime", 1956

Tout le monde dans l'immeuble a eu l'occasion d'apprécier sa gentillesse et a pu un moment où à un autre, partir tranquille en sachant que les poissons rouges seraient bien nourris, les chiens promenés, les fleurs arrosées, les compteurs relevés.

Georges Perec, " La Vie mode d'emploi", 1978

Toujours Paris s'écrie et gronde
Nul ne sait, question profonde,
Ce que perdrait le bruit du monde
Le jour où Paris se tairait.

Victor Hugo, " Les Voix intérieures"
" À l' Arc de Triomphe", 1837

Tel poète obscur, tel peintre qui veut réussir à Bucarest
ou à Séville, doit nécessairement, dans l'état actuel du Vieux
Continent, avoir fait un peu de service militaire à la Rotonde
ou à la Coupole, deux académies de trottoir où s'enseignent la vie
de bohème, le mépris du bourgeois, l'humour et la soûlographie.


Léon--Paul Fargue, " Le Piéton de Paris", 1939

De ceux qui préférant à leurs regrets les fleuves
et à leurs souvenirs les profonds monuments
aiment l'eau qui descend au partage des villes,
la Seine de Paris me sait le plus fidèle
à ses quais adoucis de livres.

Jean Tardieu, Le Fleuve caché, " La Seine de Paris ", 1968