Enfin, si la démesure du mal subi par les victimes n'a pas le moindre petit soupçon de justification par le mal qu'elles auraient pu commettre, comment expliquer, dans une optique religieuse, que Dieu se dérobe aux prières de secours ? Comment croire qu'Il soit indifférent quand la douleur prend, comme on va le voir, une dimension cosmique ?
Ces questions sont l'ultime épreuve de R. Kalonymus Shapiro, une épreuve au bord de l'abîme, avant de disparaître à son tour, ce qu'il ne peut manquer de pressentir. Il a le courage immense de les affronter plutôt que de se réfugier dans une piété prête à accuser l'homme pour sauver Dieu. Ce qui ne veut pas dire - et c'est bien sûr l'essentiel - qu'il doute de Lui.
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