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Citation de MegGomar


Dans les faits, Lucie transpose l’irréalité dans un français qu’elle
construit. Elle dit à ses petits : Ce serait comme ci. On ferait comme ça. On
penserait comme ci. On dirait que Friedrich a dit cela…
Est-elle encore dans l’excitation de la victoire, cramponnée au désir
d’atteindre les sommets qui les avaient portés si loin avec Friedrich, ou bien
vit-elle, dans un autre monde, l’espoir d’échapper à cette vie-là ? Elle sait
sûrement qu’elle a tout perdu mais n’en accepte pas l’idée. Seul le déni lui
reste. Se mentir rend les choses plus supportables. Il suffit de se répéter
suffisamment longtemps un mensonge pour qu’il se mue en vérité. De toute
façon, avec Hitler, c’était tout ou rien. Friedrich l’a écrit sur une carte : Mit
Hitler – Alles oder Nichts. Ce sera donc tout, y compris la fausseté, les
petits arrangements avec l’honnêteté, les écrans de fumée, la méchanceté
parfois et quelques bonnes mises en scènes saupoudrées de propagande. Qui
n’adhère pas à son système est à mettre aux encombrants.
Ce faisant, Lucie répand de-ci, de-là quelques indices donnés en pâture
à ses enfants. Ils ne comprennent pas tout mais saisissent des mots, des
phrases, font des rapprochements ; Lucie joue au als ob, de toutes les façons
possibles, avec une mauvaise foi noire, essayant parallèlement de nous y
faire jouer. Certains d’entre nous s’en désintéressent ; d’autres comprennent
vite, surtout ceux qui perçoivent bien que c’est la seule manière de capter
son attention. L’enfant est loyal, il s’adapte ; il n’a pas d’autre solution que
de parler le même langage pour exister.
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