En vertu des lois de l'attraction terreste, deux fois par jour la mer tente de rejoindre les étoiles. Elle rassemble ses eaux paresseuses, rappelle ses courants intérieurs, s'emplit, se soulève, escalade le ciel, attiré par la petite musique des sphères.
Parfois, nous projetons sur l'être aimé nos fantasmes, nos regrets ou nos hantises. Il devient alors un miroir où nous cherchons notre propre reflet.
Seul le rire console et réconcilie. Il est une grâce. Impromptu, spontané, il oxygène notre esprit. Tel un roulement de tonnerre, sa déflagration déchire, enfin, notre masque impassible et insensible.
Enfin elle arriva.
Splendide.
Déroulant avec ordre ses rouleaux d'écume.
Fière.
Oubliant ses dentelles sur le sable.
Reprenant les dentelles oubliées sur le sable.
Volontaire.
Insatiable.
Splendide.
La mer.
Caresse de la brosse sur la toile, bruit de taffetas et de soie froissée, neige glissant d'un son mat du pinceau, brusque va-et-vient du couteau, raclement des couleurs, accélération, reprise, silence.
Une route unique traversait le village de Varengeville-sur-Mer, desservant un éventail de jolies maisons aux jardins paysagers. A l'extrémité, l'église et son cimetière marin, épousaient dangereusement la pente des falaises. Par bonheur, des peintres illustres avaient fixé cette harmonie que la mer engloutirait un jour ou l'autre.
A compter de ce jour, il décréta que ses tableaux étaient inestimables.
Il goûtait le bonheur de les offrir, de ne jamais les vendre.