Dans mon plus lointain souvenir, deux yeux sombres et impénétrables se penchent sur mon berceau. Ils clignent pour chasser les larmes, se plissent, sourient parfois, mais jamais ne se départent d’un regret tel qu’avant même d’être douée de raison et de parole, ou de pouvoir me concevoir en créature distincte de celle qui me donna la vie, je sus les craintes les plus sinistres de ma mère. Depuis le premier jour, je porte sa terreur sur mes épaules comme un sac de grain dont le poids décuple à chaque fois que son regard se pose sur moi.