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Critiques de Cédric Lagandré (2)
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La société intégrale

Ouvrage passionnant.

La société intégrale décrit les processus et les dispositifs de la société et des pouvoirs qui l'articulent, qui engendrent l'annihilation de l'unicité au profit d'une uniformité totalisante, intégrale et finalement totalitaire.

En prenant pour exemple le nazisme qui est le paroxysme de la création de règles comme outil de destruction de la permission de différenciation Lagandré démontre que malgré des paradigmes différents, notre société par sa législation et son emphase administratrice et administrative institutionnalise le contrôle (à différencier de l'anticipation) comme correction de tout ce qui ne fait pas système. On comprend mieux le regard porté sur les handicapés, sur les minorités et sur la différenciation entre le risque ressenti et le risque réel de chaque situation et de chaque événement.

Si l'individualisme est mis au coeur de notre société c'est pour intégrer comme possible chaque unité mais en effaçant chaque unicité comme le fait une donnée statistique.

De fait chaque processus est vu afin d'éviter les variables, les probables et ne permettant que des "certitudes autorisées" en figeant la nature des choses mais également la temporalité. Il n'existe plus que de l'actualité, du présent, des hommes sans histoire, des hommes sans libre arbitre, dont chaque acte même le crime doit être anticipé, et sans personnalité. Des Homo anima sans culture ni structure autre que celle que l'on y appose. Où l'identité devient une simple étiquette.

Un ouvrage important qui ne prononce jamais le terme de fascisme mais n'en pense pas moins.
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La plaine des asphodèles

« Dans la mythologie grecque, le Pré de l’Asphodèle (ou Plaine des Asphodèles) est un lieu des Enfers. C’est l’endroit où séjournent la plupart des fantômes des morts, qui y mènent une existence insubstantielle et sans objet. Ce sont les âmes qui n’ont commis ni crime, ni action vertueuse qui y séjournent. » (Wikipédia)



~



Pour Cédric Lagandré, la plaine des Asphodèles, c’est où nous vivons aujourd’hui. Nous qui ne cherchons, dit-il, plus de sens à nos vies.



Que je choisisse de m’attarder à ce livre-là en particulier, c’est un peu au hasard, le désir est d’étude, le désir est d’arrêt, de pause1. Bien sûr, il m’aura bouleversée un jour ou deux2, comme je commençais à le lire, quand j’y aurai saisi ce qu’il y a aujourd’hui3 d’héroïque et surtout de solitaire à se poser à chaque instant la question de ce que l’on fait ( à quoi confine probablement pour moi la question du sens : quoi faire? quoi faire et qui vienne à s’inscrire dans une « ligne de vie » que je me tracerais, dont je puisse donc arrêter le sens, d’une façon qui fût communicable au reste du monde (où le sens se révèlerait arrêté au seul instant de sa communication, forme de répétition atténuée du trauma initial.))



Bouleversée donc par ce livre, quand j’y ai reconnu ce trait particulier de ma vie – que CL nomme, circonscrit – son questionnement sans répit où, Sisyphe damnée, je suis effectivement absolument seule4. Lieu même de ma solitude .



Tout ceci étant d’ores et déjà difficile à affirmer dans la mesure où s’y pose la question de ce qu’est le sens. Cette question se posant à moi différemment qu’à Cédric Lagandré, et même de façon douloureuse, quand je me dresse pour ma part depuis grand nombre d’années à déconsidérer le sens et à chercher à m’en détacher, ceci en conséquence directe de mon analyse et de ma lecture de l’enseignement de Jacques-Alain Miller (à la suite de celle de Lacan).



À bien des égards, en effet, le sens vient-il trop vite et trop bien à qui est en analyse, lui apportant d’ailleurs jouissance dont les effets thérapeutiques ne tardent à se montrer, quand il lui faut des années (une bonne dizaine pour ce qui me concerne) à se faire repérer pour ce qu’elle est, « joui-sens » seulement promise au flot continu ne trouvant forme d’arrêt, qui est coude, qu’au lieu du non-sens où il se grippe s’arrête trébuche, d’où il repart retourne. Et dont rien n’est su. Finalement. Expérience m’ayant amenée à déconsidérer le symbolique (à entendre, venant de moi, comme le langage et son monde), à le détrôner, et à chercher, mais à tâtons certainement, d’autres voies dans l’abord du réel et dans ma recherche d’une « conduite », d’un rapport (qui me reste à trouver, à établir) à l’éthique (« conduite », éthique ne nous incombant que du langage, qui lui nous fait humains), d’arrangements possibles du désir (le monde que défend Cédric Lagandré et dont il déplore la perte) et de la jouissance (celui auquel je voudrais arriver à me faire) (dit grossièrement).



J’écris ceci comme je commence cette lecture. Revenant sur ce qu’elle a provoqué en moi.



Notes:



1 que je parle ici de hasard, vient peut-être simplement de ce que je serais incapable de reconnaître longtemps mon désir, dont ce bouleversement serait la flamme, l’embrasement, vite éteint, et que je me refuse à affirmer quoi que ce soit sans y apposer une teinte de doute.

2 Et c’est ce bouleversement donc qu’aujourd’hui je veux retenir, rattraper, récupérer, prolonger.

3 en forme de contrainte contemporaine, peut-être, quand on s’y laisse, et pour qui a un pied dans le monde ancien, l’autre dans le nouveau

4 Et ce d’autant plus que je suis arrivé à évacuer de ma vie tout ce qui pourrait faire obstacle à ce questionnement, évacuation en quoi consiste peut-être déjà l’obstacle, ou l’un des obstacles majeurs, à son élucidation – dans la mesure où elle consiste à avoir évacué tout ce que je considérais comme empêchement à mes élucubrations (tout ou pas-tout? j’ai pu accueillir finalement un homme et un enfant), quand ces empêchements, si j’avais pu m’en accommoder, délaissant l’espoir d’une découverte de sens par mon seul moi-même, m’auraient peut-être amenée à une élucidation qui ne se serait pas située du côté d’un sens glorieusement indépendant. Vains regrets, puisque je suis bien obligée de faire avec cette matière là de ma jouissance : celle de ma pensée.
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