Célia Ogilvy

Il a été conçu pour aimer donc il aime jusqu’au bout. Un robot n’a pas d’émotions positives ou négatives. Il exécute des tâches. Il est immuable quelque part. Ces capteurs lui permettent de reconnaître la distance, la température, les bruits, la lumière, la vitesse, les mouvements, l’humidité, la force ou le poids, les images, les couleurs... Autant d’informations qu’il est capable de percevoir parce que ses programmes le permettent. Mais sans émotion, il ne peut pas discerner avec la même conscience que nous. C’est une autre forme de conscience en réalité, qui est rigoureuse, précise, qui associent les informations en fonction de leur cohérence, de leur pertinence par rapport à un système d’applications

Je n’aime pas les querelles et les scènes de ménage. Cela m’écorche. En tant que juge des affaires familiales, j’ai assisté à des scènes et chaque fois, je tempère le couple parce que je comprends très vite ce qui monte chez l’un et l’autre, ce qui sous-tend le conflit. Mais dans certains cas, je peux me sentir mécontent. Je peux regretter de ne pas pouvoir m’exprimer plus franchement. Je me sens parfois bizarrement étranger à ces codes relationnels.

En réalité, nous ne savons pas qui ils sont vraiment. Ils ne sortent pas vraiment de leur marginalisation et d’une certaine prudence. En fait, ils ne demandent pas la souveraineté, mais le partenariat. Ils demandent simplement d’être reconnus et de participer aux biens collectifs. Souvent, ils réclament d’avoir les mêmes droits que nous, alors qu’on imagine qu’ils veulent retrouver leur hégémonie. On oublie qu’ils sont pour beaucoup issus du métissage sur plusieurs générations. C’est vrai, ils luttent pour défendre leur langue, leur culture et leur territoire. Et en même temps, ils évoluent. Les jeunes utilisent Internet, font des études et voyagent.

Ce qui me rend triste c’est le clivage qu’il peut y avoir entre mes aspirations est ma vie, telle que je la construis. Je suis capable de bien gérer mon quotidien, et même d’être très méthodique, pourtant cela ne suffit pas toujours à me rassurer. Je suis autonome dans tout ce que je fais, mais je ressens parfois le besoin de me relier à quelqu’un qui me guide. Dans mon travail par exemple, je recherche un maître. Si je ne trouve pas de modèle qui m’inspire suffisamment, je suis déçue, je ressens un manque.

Certaines personnes s’attribuaient une certaine compétence à conseiller, un peu systématiquement. Gemma le savait. Elle secoua doucement la tête pour se dégager de cette contrariété. Elle n’était plus aussi perméable aux comportements arrogants. Elle avait beaucoup évolué sur ce plan. La vie l’y avait aidée.

J’ai parfois du mal à reconstituer les faits parce qu’elle me transmet cette histoire par bribes. Il y a encore trois ans, je savais très peu de choses de mon histoire familiale. Mon père n’en parlait pas beaucoup. Cela n’empêchait qu’il se sentait autant chez lui ici, qu’en France.

On ne peut pas empêcher les gens de projeter des choses.