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Critiques de Chantal Lemercier-Quelquejay (2)
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SULTAN GALIEV. Le père de la révolution tiers-m..

Il est notoire que, parmi les compagnons des bolcheviks ayant eu un rôle fondamental dans la Révolution d'Octobre et qui furent très majoritairement éliminés par Staline, certains ont été réhabilités par la suite : Sultan Galiev non. Trotski est resté célèbre malgré tout : Sultan Galiev non. Cette biographie très complète et documentée, parue dans la collection « Les inconnus de l'Histoire », le désigne cependant comme « Le père de la révolution tiers-mondiste », et il est certain que son influence posthume, sans doute davantage comme personnage « de légende » que comme théoricien effectivement lu dans ses textes et étudié dans ses actes, a rayonné partout dans le contexte de la décolonisation, chez les marxistes émancipés de l'URSS depuis le Péruvien José Carlos Mariátegui et l'Indonésien Tan Malaka (presque ses contemporains), ainsi que chez révolutionnaires musulmans – Algériens, Libyens, Palestiniens, jusqu'à ses héritiers les plus paradoxaux tels les Moudjahidins afghans et... l'ayatollah Khomeiny !

Le mérite principal de cette biographie est pourtant de replacer le personnage dans son contexte tatar de la veille de la Révolution : le nationalisme et la crainte de l'assimilation culturelle russe y étaient le facteurs dominants ; le communisme devait être concilié avec l'islam ; l'on aspirait à constituer un pôle révolutionnaire d'une étendue recouvrant l'aire géopolitique pan-turcique et ouverte d'un côté vers le sud-ouest, c-à-d. vers le monde arabe, de l'autre vers l'est, c-à-d. vers les populations musulmanes de l'Inde (britannique), l'Afghanistan, la Chine : de cette géographie, les régions tatares constituaient effectivement le centre et l'hypothèse était plausible qu'elles servent de pont entre l'Orient et l'Occident ; la lutte de classe y était transposée à la relation de domination des pays colonisateurs (par leur bourgeoisie mais aussi leur prolétariat) envers les pays colonisés (y compris la périphérie musulmane de l'empire russe, d'où il prenait la parole).

Les étapes du parcours politique du révolutionnaire Sultan Galiev ne furent pas non plus scandées par la simple folie malveillante et le désir de toute-puissance de Staline : compagnon de celui-ci durant la Révolution et jusqu'à sa première arrestation en 1923, il occupa des postes de pouvoir au sein du Parti et créa des institutions de mobilisation de la jeunesse importantes, notamment culturellement, et l'on est étonné de la latitude de ses activités clandestines voire conspirationnistes durant la période entre ce premier ostracisme et sa seconde arrestation en 1928. L'Histoire suivit son cours, ses acteurs jouèrent leurs cartes, et une autre issues eût été sans doute possible que l'élimination physique du révolutionnaire tatar et l'éradication de son souvenir... Pendant ce temps, néanmoins, la politique étrangère soviétique prit forme, comme on le sait, dans un sens qui ne pouvait qu'écarter Galiev – ainsi que Trotski – et l'impérialisme soviétique commença à se déployer.

Les analyses de Galiev étaient-elles prophétiques ? Rien n'est moins sûr : le monde musulman n'a pas été moteur d'une révolution communiste mondiale, et l'on pense unanimement aujourd'hui que même la décolonisation n'aurait pu se produire en dehors d'un contexte systémique bipolaire – dont l'un des pôles fut donc le communisme russe, dont Galiev se méfiait ; la conciliation entre marxisme et islam, lorsqu'elle s'est produite, de bon ou de mauvais gré, a plutôt penché vers une islamisation du marxisme que vers une marxisation et déspiritualisation de l'islam, comme Galiev le souhaitait, y compris dans les Républiques musulmanes (ex-)soviétiques ; l'exportation du communisme en Afghanistan (imposée par des troupes soviétiques très majoritairement musulmanes) s'est soldée par le cuisant et sanglant échec que l'on connaît – et que cet ouvrage de 1985 mentionne déjà.

Les personnages révolutionnaires persécutés sont toujours charismatiques, une doctrine du « communisme national musulman », quels qu'en soient ses contenus, garde un attrait particulier de par une pérennité dépassant la brève activité de son théoricien. De plus, les écrits de Sultan Galiev ainsi que les documents officiels sur ses deux arrestations étaient encore largement inaccessibles lors de la parution de cet ouvrage, comme l'indique l'annexe « Analyse critique des sources », puisque l'URSS existait toujours et « qu'aucune bibliothèque occidentale ne possède les collections des journaux publiés à Kazan en russe ou en tatar auxquelles, nous le savons, Sultan Galiev collabora ». Toutes ces circonstances qui ont alimenté la légende du personnage rendent d'autant plus intéressante une analyse factuelle sérieuse de son parcours.
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La paix mongole

Petit mais costaud. Pour ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'empire mongol, ce livre se focalise plus sur la période appelée "La paix mongole" (la fameuse Pax Mongolica). l'ouvrage commence par une chronologie qui va de l'antiquité jusqu'au moyen âge. Puis vient les explications (consolidation de l'empire mongol, caractère de la paix mongole, la dislocation de l'empire).



Une deuxième partie est consacrée aux documents (des lettres de Khans et rois de l'époque). Enfin des témoignages et jugements des contemporains puis un dernier chapitre sur les querelles et problèmes d'interprétation.
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