AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


A la différence de la légende chrétienne des sept Dormants, le texte coranique fait expressément mention du chien, décrit au verset 18 comme « se tenant sur le seuil [de la caverne], les pattes étendues », attitude qui était précisément la sienne dans les peintures rituelles de l’Égypte ancienne(1).

Quelle signification l’ésotérisme islamique confère-t-il à cet emblème du huitième Kabire ? La première question qui se pose à ce sujet concerne l’énigmatique « raqîm » mentionné dans le premier des deux versets cités. Certains expliquent ce terme par la présence de la caverne et concluent qu’il s’agit de la montagne à l’intérieur de laquelle celle-ci était située. Cette interprétation évoque un symbolisme dont René Guénon a mis en lumière la portée initiatique. D’autres considèrent plutôt la signification du terme raqîm en langue arabe, tiré d’une racine comportant l’idée d’« inscrire ». Raqîm devrait être compris ici dans le sens passif de marqûm (ce qui est inscrit), car il s’agirait de l’inscription qui figurait à l’entrée de la caverne et qui portait les noms de ses occupants. D’autres enfin rattachent ar-Raqîm à ces derniers et l’assimilent au chien dont il est question dans le second verset.

Il est remarquable que ces interprétations, apparemment fort différentes, font toutes références à Idrîs-Hermès.

En effet, le symbolisme de l’inscription peut être rapporté au fait que, selon l’« histoire sainte » de l’islâm, Idrîs est le premier homme qui a tracé des caractères au moyen d’une plume. Il en va de même dans la tradition égyptienne où Toth-Hermès est celui qui a inventé et établi l’écriture ; c’est pourquoi il est honoré comme le patron des scribes. Le chien est, quant à lui, un des principaux attributs animaliers d’Hermès et de ses équivalents traditionnels(2). Son symbolisme est évoqué dans un autre commentaire de Qâchânî, selon lesquels les Compagnons de la Caverne étaient répartis en deux groupes entourant un personnage centrale qu’il appelle « ar-râ’y », c’est-à-dire « le protecteur », ou encore « le berger propriétaire du chien », ce qui renvoie à l’image de l’« Hermès criophores », évoquées dans La Divine Comédie au moyen des deux nombres-clés mentionnés par René Guénon au chapitre VII de l’Ésotérisme de Dante : 666, triangle des 36 premiers nombres qui composent le « Sceau du Soleil » ; et 515 qui, selon la Science des Lettres, est le nombre même d’Idrîs.

De là, cette fonction apparaît comme étant celle du « Dux » ou « Régent suprême » qui opérera le redressement du cycle final. L’instrument visible de ce redressement sera « celui qui est bien dirigé », autrement dit le Mahdî. Or, selon l’enseignement ésotérique de l’islâm, les Compagnons de la Caverne sont autre que les « Vizirs du Mahdî ».

(1) « Il faut noter les saisissantes images, peintes à la porte de plusieurs hypogées, d’un grand chien noir qui veille, couché sur un socle » ; cf. G. POSENER, op. cit., p. 16.

(2) Nous pensions ici au dieu Lug de la tradition celtique. (pp. 153-155)
Commenter  J’apprécie          20









{* *}