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Citation de Partemps


— Alors, chassez-la de votre mémoire, répliqua l’aimable philosophe.

Le Romain leva lentement sur son ami ses larges yeux noirs chargés de mépris.

— La chasser de ma mémoire ! s’écria-t-il ; je n’ai pas plus le pouvoir de l’oublier que de perdre la conscience de ma vie ; chaque objet me force à m’en souvenir. Musique, lumières, étoiles, les sons répandus dans l’air du soir, le balancement d’une rose, le parfum de son calice, les formes vagues qui flottent là-bas dans les nuages, tout ce qui touche mon cœur, flatte mes sens, égaye mon œil, me ramène instantanément vers elle. Non ! son image sera indestructible, jusqu’au moment suprême où le sentiment lui-même sera anéanti. Vous vîtes mon émotion le soir que je soupai à votre villa de Campanie. — Cette peinture de l’Olympe ! Je retrouvai dans cette Vénus suppliante devant Jupiter l’idole vivante de toutes mes pensées. L’attitude, la forme, la grâce indescriptible, tout y était, tout ce que j’avais vu dans la fatale nuit du banquet d’Éphèse. Je n’osai pas regarder plus longtemps. J’aurais adoré la vivante création du pinceau, ou, comme un nouveau Prométhée, j’aurais, de mes lèvres brûlantes, soufflé un feu nouveau sur cette forme. Si j’avais été le maître des trésors de la terre, je les aurais donnés pour posséder cette peinture et mourir l’œil fixé sur elle. Mais, à ce moment, je crus que l’esprit sévère de mon père se dressait du fond des ténèbres, et je tombai dans la terreur et le désespoir.
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