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Citation de Partemps


Le prêtre de Diane résistait avec courage à l’éloquence des deux amis, qui voulaient absolument voir la prêtresse du sanctuaire. C’est au fond de ce sanctuaire que l’image de la Déesse, qu’on dit descendue du ciel, est gardée par différentes prêtresses qui, en l’honneur d’elle, veillent à sa garde, veillent sans voile et le visage découvert. Plus leurs arguments étaient pressants, plus le rigide prêtre se reprochait comme un crime de les écouter. Callias lui offrit une bourse pleine d’or de Thrace. L’aruspice n’eut pas plus tôt senti qu’elle touchait sa main, qu’il la jeta par terre, comme s’il avait été piqué par un aspic, et s’enfuit. Sempronius, désespéré de voir fuir avec lui sa dernière espérance, courut après lui et le retint violemment par sa robe. La main qui avait empoigné l’incorruptible ministre de Diane était ornée d’une magnifique émeraude. Ses yeux se fixèrent subitement sur elle. Il se retourna. Le diamant passa silencieusement et mystérieusement à son doigt. Sans dire un mot, il tira de sa robe de pourpre une petite clef, et, ouvrant une porte basse à peine visible dans les sculptures de la muraille, introduisit sans bruit les deux jeunes gens dans les profondeurs du temple.

Le temple de Diane à Éphèse était le plus célèbre lieu de dévotion du monde. Callias fut heureux et enorgueilli de se sentir sous la voûte de cette fameuse enceinte, dont l’entrée avait été refusée à des rois, et qui recélait dans ses flancs plus de trésors que plusieurs royaumes. — Les offices de la journée étaient finis. Les portes de bronze du colossal édifice avaient été fermées sur le peuple ; tout était nuit, silence et solitude. Callias put alors se convaincre qu’il était dans un lieu dont la magnificence surpassait encore la renommée. Les feux du grand autel étaient mourants, et la multitude des petits autels, où les victimes avaient été offertes toute la journée, brillaient au loin comme une myriade d’étoiles évanouies. C’était à chaque pas de telles perspectives d’arcs et de colonnades, fouillés par l’habileté patiente du ciseau asiatique, et formés de marbres et de métaux brillant de toutes les couleurs du ciel et de la terre, et que la faible lueur contenue dans le temple rendait encore plus fantastiques ; — une telle profusion de statues d’albâtre et d’ivoire, dont les multitudes, armées vivantes de noblesse et de beauté, peuplaient les immenses espaces ; — une telle abondance de bannières de pourpre brochée d’or, religieuses offrandes du monde entier, suspendues au-dessus des autels, qui eux-mêmes étaient enrichis de pierres précieuses, et dardaient leur éclat sur des tapis brodés venus de Tyr et du fond de l’Inde ; — c’était enfin, une richesse et si désordonnée et si inconcevable, que l’homme le plus froid et le plus blasé du monde s’échappait à chaque instant en cris de joie et de surprise ! Quant au Romain, enveloppé dans les pensées de son cœur, subjugué par sa mélancolie et plus encore par le sourire de son espérance, il regardait tout d’un œil étonné comme si c’eût été une vision. Il considérait les voûtes et les piliers éblouissants comme l’œuvre d’un magicien, et il prêtait l’oreille aux vagues échos de harpes et de flûtes, qui de temps en temps s’échappaient des salles les plus reculées, comme il eût écouté des chœurs montant des bosquets d’Élysée. Tout était délices profondes dans le cœur de l’amant, jouissance rêveuse, ébahissement muet d’un esprit soulevé et transporté par la puissance de l’imagination aux dernières perspectives du bonheur.
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