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Citations de Charles Baudouin (51)


Il se refuse à rien affirmer intellectuellement de ce qui est au-delà des portes ; mais sur le bruit entendu, il rêve, et il en fait des mythes.
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N’oublions pas que très peu d’hommes sont des artistes de la vie, que l’art de vivre est le plus noble et le plus rare de tous ; vider en beauté toute la coupe, qui donc y réussirait ? Trop de choses restent que beaucoup d’hommes n’ont pas vécues, qu’ils n’auraient même pas pu vivre avec la meilleure volonté du monde, de sorte qu’ils arrivent au seuil de la vieillesse, remplis de prétentions non réalisées qui les force à tourner involontairement leurs regards vers le passé.
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Chez un sujet aussi bien adapté au monde extérieur qu’à son monde intérieur, la persona est en quelque sorte une façade protectrice nécessaire, mais élastique, lui assurant un contact relativement naturel, régulier et aisé avec le monde extérieur. Mais elle peut aussi devenir un danger, précisément à cause de la facilité avec laquelle elle permet à l’homme de dissimuler sa véritable nature derrière cette forme d’adaptation, devenue si coutumière. Alors elle se raidit, devient mécanique et se transforme en un véritable masque, sous lequel l’individu dépérit et finira par étouffer complètement.
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Si nous étudions, chez Nerval ou Van Gogh, le moi fragile en déséquilibre avec son milieu social, les mécanismes freudiens nous seront indispensables. Si nous étudions, par contre, en eux, les réactions de l’artiste et sa recherche d’un salut au-delà même de ce conflit, les façons de penser jungiennes seront souvent les plus commodes.

[Charles Mauron]
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Jung saisit toutes les occasions de dénoncer – de son point de vue propre de psychologue – cette lacune qu’il aperçoit dans le protestantisme, et surtout dans ce protestantisme plus libre de tradition, plus rationnel, qui s’est fait jour dans l’époque moderne. Si satisfaisant que soit celui-ci pour l’intellect, il est exposé aux mêmes critiques que cet « âge des lumières » dont il procède plus qu’il ne le pense ; il dessine une figure du Christ qui, à la limite, cesse d’être transcendant et devient un simple modèle éthique. Il ne voit pas combien cette figure s’appauvrit ainsi. Il achève de perdre le contact avec l’étonnante richesse archétypique du dogme, si « scandaleux » que puisse apparaître celui-ci aux yeux de la raison moderne.
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Eckhart dit ici clairement que Dieu dépend indubitablement de l’âme et par là même que l’âme est le lieu de naissance de Dieu. Mais lorsque c’est ce grand maître de la mystique qui parle ainsi, on peut être convaincu que cette « naissance de Dieu dans l’âme », formule relativiste tant qu’on voudra, n’est en tout cas pas une formule « réductive ». Entre les deux termes corrélatifs « que Dieu naisse de l’âme et l’âme à son tour de Dieu », la première seule est du ressort du psychologue ; la seconde point. Mais si Jung la réserve, d’un point de vue méthodologique, il ne l’écarte pas.
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Qu’entend-on au juste quand on nous parle d’un Dieu inconscient de lui-même ? Qui projette son propre doute sur Job sa créature ? D’un Dieu qui avait perdu de vue sa propre sagesse, cette « Sophia » image féminine de l’Esprit saint, et qui tout à coup, du fait même de la dialectique engagée avec Job, se souvient d’elle ? Qu’est-ce que c’est que cette manière de traiter Dieu comme un sujet en psychanalyse ? Qu’entend-on quand on nous dit que ce Dieu, par une sorte d’hiérogamie avec Sophia, aspire à se renouveler ou que, travaillé par les questions troublantes posées par Job l’homme juste, si injustement traité par lui, il change de conduite, acquiert une nouvelle connaissance de soi ? Que signifie ce Dieu qui paraît avoir tiré profit de son expérience et qui oublie souvent son omniscience, pour la consulter parfois ? Ce Dieu qui, en réponse même à la sourde accusation élevée contre lui par l’homme, prend la « décision » de s’incarner dans l’existence humaine ? De sorte que la véritable « réponse à Job » serait l’incarnation de Jésus et, mieux encore, le moment du Lambda sabachtani où Dieu devenu homme mortel vit et éprouve lui-même ce qu’il a fait souffrir à son fidèle serviteur Job.
Le drame est grandiose ; mais que veut-on dire au juste ? Entend-on que ces mouvements « humains, trop humains » se produisent vraiment dans la conscience divine ? Veut-on dire, mais dans un langage directement imagé jusqu’à l’irrévérence, que telle est l’évolution de l’idée que l’homme se fait de Dieu ? Ceci bien plutôt, c’est certain, puisqu’il est entendu une fois pour toutes que le psychologue ne fait pas de métaphysique et que, s’il parle de « Dieu », c’est de l’idée de Dieu ou plutôt de l’image de Dieu, qu’il s’agit. Et c’est bien ainsi qu’il faut l’entendre, lorsqu’on nous rappelle que ce Jahvé a de sombres origines, qu’il a une ombre, un fils « obscur », nommé Satan, que celui-ci, faisant partie de lui d’abord, s’est détaché de lui et, selon certaines rêveries gnostiques, devra être enfin réintégré comme une quatrième personne de la Trinité, devenue enfin Quaternité. Car, que faire du mal, cette donnée inéluctable de la création ? C’est bien là la question humaine et brûlante, inquiétante, irritante comme une pierre de scandale.
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Le principe de répétition entre en scène lorsqu’un moi trop faible n’arrive pas à liquider purement et simplement, et une fois pour toutes, des expériences trop fortes pour lui.
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Dans le monde des apparences, vaut la loi de l’universel passage, et il semble que tout ce qui est vrai se transforme, et que cela seulement qui se transforme demeure vrai. Tout vieillit et a besoin de métamorphose et de renouvellement.
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Epiméthée, comme Faust, a vendu son âme, car il s’est tourné du côté du monde. Mais prenons garde, il l’a vendue en échange d’une royauté et d’une conscience. Il s’est vendu à l’ange et point au diable, il n’est pas une figure du mal, mais du bien ; il est extrêmement estimable, il est toute bonne volonté ; et malgré tout, il ne laisse pas d’être parfois ridicule et enfin misérable ; il va se perdre et perdre le peuple des hommes, au moment où Prométhée, le rebelle, intervient pour tout réparer.
C’est que la conscience conformiste ne vaut que pour la vie routinière et toute faite. Elle ne sait répondre que oui et non et ses réponses sont apprises. Mais que vienne à surgir une situation nouvelle, qui déborde tous les cadre prévus, la voici désorientée et impuissante. Devant l’inouï du bonheur et du malheur, elle ne comprend pas.
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L’homme moderne, menacé dans sa santé mentale et morale par les artifices de la vie compliquée qu’il mène, peut et doit parer à ce danger en se soumettant à une discipline d’auto-éducation fondée sur la connaissance de soi.
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La causalité, telle que nous la concevons dans la succession, est étrangère à cette antique mentalité chinoise ; et c’est pourquoi ce peuple si doué n’a pas construit la science ; mais à la place de la recherche de la cause dans le temps, apparaît la considération de la coïncidence dans l’instantané […].
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C’est pour n’avoir pas reconnu « l’enfant intérieur » qui exige leurs soins, que des pères et surtout sans doute des mères, le poursuivent avec acharnement dans leurs propres enfants réels, cherchant passionnément à se réaliser à travers ceux-ci.
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Qu’est-ce que répondre ? C’est simplement se tenir pour responsable ; ce n’est surtout pas […] « sortir une croyance de sa poche ».
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Il importe […] de rapprendre à l’homme moderne que la sagesse n’est pas affaire de raison, ni de conscience seulement, mais qu’elle a partie liée avec ce monde mystérieux, ce monde « elfique » que fréquente plus que personne le poète.
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Le « point où se trouve » […] le sujet [névrosé], c’est trop souvent, en effet, cette stagnation à partir de laquelle il faut trouver le moyen de l’ébranler.
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Dans la névrose, c’est l’âme qui est malade ; les symptômes particuliers ne peuvent être envisagés en-dehors de la personnalité totale, ni guéris à fond sans une restauration de cette totalité blessée.
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La perte de l’image divine entraîne aussitôt celle de la personnalité humaine.
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Les images ont leur vie propre ; elles se meuvent et se transforment comme celles de l’écran ; elles ont une existence en nous : l’animal imaginaire tourne la tête pour regarder, et peut-être épouvanter, le sujet qui l’observe.
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Si les rites d’initiation de la puberté sont, dans maintes tribus, si impératifs, si exigeants et parfois si cruels, c’est qu’ils parent à un danger considérable : celui qui menace l’adolescent de rester captif de ses fixations premières d’enfance à la famille, auxquelles il importe de l’arracher à tout prix.
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"– Non, pour te le dire franchement, je ne trouve pas que ce soit si formidable, dit Hans Castorp. Où sont donc les glaciers et les cimes blanches et les géants de la montagne ? Ces machins ne sont tout de même pas bien haut, il me semble. – Si, ils sont haut, répondit Joachim. Tu vois presque partout la limite des arbres. Elle est même marquée avec une netteté particulièrement frappante, les pins s’arrêtent, et puis tout s’arrête, il n’y a plus rien, rien que des rochers, comme tu peux t’en rendre compte. De l’autre côté, là-bas, à droite de la Dent Noire, de cette corne là-haut, tu as même un glacier. Vois-tu encore le bleu ? Il n’est pas grand, mais c’est un glacier authentique, le glacier de la Scaletta. Piz Michel et le Tinzenhorn, dans le creux, tu ne peux pas les voir d’ici, restent également toute l’année sous la neige. – Sous la neige éternelle, dit Hans Castorp. – Oui, éternelle, si tu veux. Oui, tout ça est déjà assez haut, mais nous-mêmes, nous sommes affreusement haut. Songes-y. Seize cents mètres au-dessus du niveau de la mer. De sorte que les altitudes n’apparaissent plus beaucoup."

Thomas Mann/La Montagne magique
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