Il avait devant lui une feuille de papier, une vieille écritoire ébréchée en faïence blanche ; et il mordillait les barbes de sa plume, parce que la rime ne venait pas. Il n'y avait encore que le titre d'écrit : "Bouquet de Sylvie" et deux vers, et c'est tout, car le difficile était de passer au troisième qui devait, comme on a vu, apporter la rime ; alors il se mit à regarder autour de lui comme s'il espérait la voir se poser sur le mur. C'était une grande chambre de chalet, c'est-à-dire toute en bois, très basse, avec trois petites fenêtres si rapprochées l'une de l'autre qu'elles se touchaient.
[C.-F. RAMUZ, "La Guerre dans le Haut-Pays", 1915, chapitre I – incipit]