Il ne suffit pas d’avoir une inspiration pour qu’elle devienne innovation. Combien de très bonnes idées, parfois même géniales, ont fini dans leur « cimetière » faute d’avoir été testées ou d’avoir créé la moindre valeur d’usage. L’innovation, c’est « lorsque l’idée rencontre la main de celui qui va l’utiliser ». Elle se définit toujours en fonction du bénéficiaire. Il en est de même en pédagogie. Il faut considérer que le fait d’imaginer de « renverser la classe » est juste une idée créative, et qu’il y a du chemin à faire avant de la transformer en innovation pédagogique. Pour cela, il est nécessaire d’expérimenter, de prototyper, de challenger l’idée en conditions réelles d’utilisation. Il faut la faire évoluer, la mâture pour lui donner vie. Et cela se fait toujours avec les étudiants. (p. 139)
Les étudiants ont l’habitude de recevoir le contenu de la connaissance, que cela vienne du professeur ou des supports mis à leur disposition. C’est une situation qui reste scolaire est qu’ils ne rencontreront pas dans la vie professionnelle. On peut leur expliquer que tous les types de métiers existent ou peuvent être inventés, mais aussi qu’il y en qui n’existent pas… celui par exemple d’être payés pour apprendre des choses par cœur afin d’être capables de le réciter juste pour restituer ce qu’ils ont compris ! Même les enseignants à l’école ou les acteurs au théâtre, à qui on demande d’avoir de grandes capacités de mémorisation, ne le sont pas pour cela. La classe renversée est donc aussi une façon de comprendre qu’il existe d’autres moyens de s’approprier des connaissances, bien plus en phase avec les attendus de la société à l’égard des futurs diplômés. Bref, il faut littéralement leur « vendre » la méthode en insistant davantage sur ses avantages et sans trop s’attarder sur les inconvénients. (p. 46)