AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de enkidu_


La précipitation du chaos, nous la devons à la Kabbale d’Isaac Louria Askhenazi d’origine allemande, né en Eretz (terre) Israël, puis installé enfant en Égypte, pour s’installer à Safed en Eretz, ville où il enseigna oralement la Kabbale. Le concept principal est la notion de Tikkun. À savoir, que la Rédemption passe par le péché, par le chaos. Tikkun signifie littéralement « réparation ». Cette réparation doit survenir après la coupure, Schevirah, du Tsimtsoum, qui est la contraction de l’univers et du monde. Le Talmud, traité Sanhédrin chapitre 11, détaille les temps futurs messianiques où ne règneront que chaos, perversion et destruction d’Edom, soit Rome. Par rapport à la Kabbale lourianique, le sabbataïsme innove car, pour lui, l’homme, pour faire venir le Messie plus rapidement, peut provoquer lui-même le chaos et la désolation : « Ce n’est plus une attente mais une provocation des événements futurs qui va à l’encontre du dessein divin ».

Le frankisme s’inscrit donc dans un contexte plus large, à savoir celui du sabbataïsme, hérésie juive officialisée par Sabbataï Tsvi, dans l’Empire ottoman, née un siècle plus tôt, qui trouve sa concrétisation en 1666, lorsque Sabbataï Tsvi se convertit à l’islam (soit quatre-vingt-treize ans avant la conversion de Frank). Le sabbataïsme toucha très vite l’Europe et s’implanta dans les communautés juives d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, de Russie, et de Bohême-Moravie. Si les adeptes sépharades de Sabbataï Tsvi (dans leur grande majorité) se convertirent à l’islam comme leur maître, ils pratiquèrent en secret un judaïsme transgressif et orgiaque et fondèrent la secte des dönmeh, divisée en différents sous-groupes.
(…)
Jacob Frank perpétue ce sabbataïsme en se proclamant le nouveau Messie, successeur et réincarnation de Sabbataï Tsvi, mort en Albanie et enterré au Monténégro à XXXX, ville à majorité albanaise musulmane.

Tout comme Sabbataï Tsvi, Jacob Frank rentre dans des États de transe et, dans ses visions, déclare lui aussi que la Torah et ses lois (les Mitsvot) sont un joug pour le peuple juif et que le judaïsme doit être abandonné au profit de tous les interdits, ce que lui, Messie, ordonne. Ainsi, si le judaïsme prêche la virginité, la fidélité, et l’amour, Sabbataï et ses successeurs comme Jacob Frank prêchent, pour les jeunes filles, le sexe dès le plus jeune âge, les orgies sexuelles pour les jeunes garçons et l’échange de femmes pendant Shabbat. Au point que certains enfants frankistes ne connaissent pas leur vrai père biologique. Jacob et ses adeptes seront surpris en plein Shabbat orgiaque, en janvier 1756, dans la ville de Landskron et seront, à la demande des rabbins, expulsés de la ville pour orgie. Une femme se tenait au milieu, nue, pendant que les adeptes masculins chantaient la prière juive schabbatique : Lekhu doidi likrass kalo. Puis, ils se précipitaient sur elle, transformant le rituel en orgie collective.

Les rites sexuels frankistes, par la suite, consistaient en chansons, danses extatiques, mêlant hommes et femmes. Frank s’agenouillait et fixait deux chandelles allumées à un banc de bois, enfonçait entre celles-ci un clou et brandissait la croix dans toutes les directions, s’exclamant : Forsa damus para vert, seibuml grandi asserverti (judéo-espagnol), Donne-nous la force de te voir, le grand bonheur de te servir.

Les lumières étaient ensuite éteintes, les hommes et les femmes se dévêtaient et l’orgie collective commençait, la nudité devant rappeler Adam et Eve avant la chute. Frank, quant à lui, ne participait pas. Il restait au milieu, dans une contemplation mystique. (pp. 47-50)
Commenter  J’apprécie          20









{* *}