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Citation de tiaconelli


— J'ai fait, dit-elle, (comme) soucieuse, et se parlant à elle-même tout en commençant de m'adresser la parole ; ruminante en soi-même ; mâchant des paroles de ses vieilles dents historiques ; marmottante ; marmonnante ; mâchonnante ; soucieuse, ayant pris soudain un air sérieux, comme pour de rire, les sourcils froncés, le front froncé, j'ai fait ce travail moi-même. On n'est jamais si bien servi que par moi-même. J'ai (donc) fait cette recherche. C'est mon office et mon métier et ma raison d'être et mon ministère. C'est ma force et ma joie et mon pilier d'airain ! Faire une recherche, faire des recherches, mots voluptueux ; tout pleins, tout gonflés des promesses ultérieures. J'ai tant prescrit de recherches, j'en ai tant fait faire à ces jeunes hommes, mes jeunes hommes, qu'il fallait bien que j'en vinsse à mon tour à en faire encore une moi-même. Sombre fidélité pour les choses tombées. Après ce sera peut-être ma fin. Mots voluptueux, tout pleins de mémoires, tout pleins de souvenirs, tout gonflés des anciennes promesses, des voluptés anciennes, des anciennes promesses (à développement) ultérieures. Je me croirais encore autant de ma vieillesse. D'autres se croiraient encore au temps de leur jeunesse. Mais je suis si vieille que ma vieillesse même se perd dans la nuit des temps. Vous croyez toujours que je plaisante, et vous le dites, que je fais des plaisanteries, qui seraient sottes. Que vous faites stupides. Quand vous les rapportez. Si vous saviez combien je suis malheureusement triste, et quelle détresse masquent toutes ces facéties. Je suis une pauvre vieille femme sans éternité : moins que rien ; une loque ; un vieux chiffon de femme. Orgueilleuse, et creuse, de tant de passé, à ce que je dis, je suis donc sans (aucun) avenir. Les regrets de la belle hëaulmiere, c'est moi qui fus la belle heaumière ; La belle qui fut hëaulmiere, dit le texte. Qu'est-ce qu'une femme, une (pauvre) vieille femme sans son éternité ? Qu'est-ce qu'il en reste ? C'est moi qui fus la belle Clio, si adulée. Comme je triomphais au temps de mes jeunes réussites. Puis l'âge vint. Moi aussi j'ai connu les victoires de la maturité, les victoires aux hanches lourdes. J'ai mis tout mon bien en viager. Combien d'autres, qui ont moins triomphé, touchent à l'âge où elles auront tout, où elles toucheront tout. Et moi je touche à ce même âge où je n'aurai plus rien. Alors j'essaie de me tromper.
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