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Critiques de Charles Petit-Dutaillis (1)
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La Monarchie féodale en France et en Angleter..

C'est devenu un lieu commun de dire que l'émiettement territorial des anciens grands ensembles impériaux romains puis carolingiens auraient pu conduire à une disparition, ou, pour le moins, à une fragilisation du pouvoir monarchique en France et en Angleterre et que le paradoxe - en est-ce vraiment un ? - est que "l'apparition" et le développement du phénomène féodal dans ces deux pays (si leurs contours peuvent cependant être définis tels qu'ils le seront après le Moyen-Âge), n'a pas empêché l'institution monarchique, représentée et vivifiée par de véritables dynasties installées au pouvoir, de consolider cette institution, de manière différente cependant, dès le point de départ : en effet, en Angleterre, c'est la conquête du royaume par Guillaume le Conquérant qui met en selle les Normands, venus bouleverser l'univers dit anglo-saxon et qui renforcée par la montée en puissance de la lignée des Plantagenêts, va permettre aux rois d'Angleterre de se faire une place par la force, sous des apparences de légitimité (mais ici, on peut se demander si l'affirmation de Guillaume que la couronne d'Angleterre lui avait bien réellement été promise ou réservée par Édouard le Confesseur est vraie) ; en France, c'est une forme d'"usurpation" du pouvoir qui devait permettre au robertien Hugues Capet de régner et de poser, dans des conditions qui n'annonçaient pas forcément une brillante réussite pour la suite, les premiers jalons de la reconstruction d'un pouvoir fort grâce au "miracle capétien" (987-1328). En fait, ce ne sont pas les seules volontés et les seules ambitions de ces représentants de la famille des Plantagenêts en Angleterre et de celle des Capétiens dans le Regnum Francorum qui expliquent ce succès, qui aurait pu être compromis par la contre-poussée féodale.

C'est un des mérites de Charles Petit-Dutaillis d'avoir su démontrer que la monarchie ne s'est pas construite en s'opposant à la féodalité, mais en jouant des coudes comme elle, en la copiant et en adoptant ses codes, ses rites, ses goûts, son droit et les détournant à son profit, comme aurait pu le faire cette dernière. Mais c'est aussi en sachant s'entourer de conseillers, de juristes, de fidèles serviteurs, de relais dans les zones éloignées (prévôts, sénéchaux et baillis) qu'elle a réussi ce grand-oeuvre, dans une persévérance remarquable, les fils continuant ce qu'avaient fait leurs pères, sans jamais se décourager et malgré tous les aléas.

Le pouvoir en Angleterre a-t-il été affaibli ou pas avec ce qui s'est passé quand Jean Sans Terre a dû consentir à accepter la Grande Charte ; cette expérience n'a-t-elle fait qu'aider la monarchie anglaise à mûrir plus vite ? On peut en discuter.

En tout cas, les exemples de comparaison choisis par Petit-Dutaillis et qui tendent à expliquer les raisons pour lesquelles l'enracinement des Capétiens et des Plantagenêts put se faire mériteraient d'être réanalysés, surtout en élargissant le regard à ce qui se fit par ailleurs dans le monde germanique, dans l'univers hispanique, en Italie et sur les flancs orientaux de l'Europe.

Ce livre est resté un classique. Mais comme tous les classiques, il peut être dépassé sur certains points.



François Sarindar, auteur de Charles V le Sage, Dauphin, duc et régent (2019)
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