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Citation de PaulPetit


[...] à Bordeaux, grand port de l'Océan, chacun sent, mieux que partout ailleurs, que le destin de notre pays, celui des territoires où flotte notre drapeau, et même dans une large mesure celui du monde tout entier, dépendent de ce qu'il adviendra de l'oeuvre magnifique de la France au-delà des mers.

Oeuvre magnifique ? Oui ! [...] En songeant à l'effort poursuivi par la France depuis quatre siècles, à travers quelles vicissitudes ! pour ouvrir d'immenses territoires à la civilisation ; en mesurant les trésors d'activité, d'efficience, de courage, qu'y ont sans relâche déployés nos explorateurs, soldats, marins, administrateurs, techniciens, colons, médecins, missionnaires ; en admirant les capacités des chefs qui s'y prodiguèrent, tels les Bugeaud, les Pélissier, les Faidherbe, les Cambon, les Lamy, les Brazza, les Gallieni, les Doumer, les Lyautey - pour ne citer parmi les morts des cent dernières années que quelques-uns parmi les plus grands - nous pouvons lever la tête !

Au moment où Hitler déchaîna sur l'Europe les ambitions du Reich allemand, l'édifice de la paix française était fondé outre-mer. Grâce à nous, des peuples de toutes races humaines, naguère plongés pour la plupart dans cette torpeur millénaire où l'Histoire ne s'écrit même plus, découvraient à leur tour la liberté, le progrès, la justice. Chez eux et grâce à nous, reculaient la famine, la terreur, la maladie, l'ignorance. Parmi eux et grâce à nous, naissaient des élites nouvelles que nous élevions, non point pour qu'elles abusent des autres, mais pour qu'elles les entraînent vers un sort plus digne et meilleur. Y avait-il des ombres au tableau ? Oui, sans nul doute. Aucune œuvre humaine ne fut jamais accomplie sans erreurs. Mais enfin, ces territoires, qu'eussent-ils été sans la France et qu'est-ce que la France en a fait ?

Pour le bien comprendre, il faut voir ce que, cent ans après la pacification, est devenue notre Algérie. Il faut parcourir ces cultures admirables qui, sur des millions et des millions d'hectares où moururent à la peine tant de colons et de soldats, couvrent maintenant des espaces auparavant misérables. Il faut voir les ports, les routes, les barrages, les écoles, les hôpitaux, que nous y avons construits. Il faut savoir, qu'à notre arrivée, un million d'hommes vivaient à grand-peine sur le territoire algérien qui en nourrit aujourd'hui dix millions.

Il faut, dans la Régence tunisienne, visiter les grands travaux que nous y avons réalisés comme, par exemple, les oliveraies splendides qui furent plantées sous notre impulsion.

Il faut se rappeler que le Maroc, dont nul homme de bonne foi ne parcourt aujourd'hui les villes, les champs et les montagnes sans admiration stupéfaite, était, il y a quarante ans, un pays déchiré par le désordre et l'anarchie.

Il faut songer que l'Indochine, où la production agricole, minière, industrielle et l'instruction des élites prenaient avant la guerre récente un extraordinaire essor, végétait douloureusement sous les abus et la violence avant que nous lui ayons ouvert les portes du progrès moderne.

Il faut se demander dans quel état et sous quels maîtres vivrait aujourd'hui la grande île de Madagascar, si nous n'y avions assumé le devoir d'assurer son développement économique, intellectuel, politique et social ?

Il faut comparer enfin le sort actuel de notre Afrique Noire, où la civilisation pénetre les forêts, les savanes, les déserts, enjambe les fleuves farouches, brave les climats épuisants, avec le destin antérieur de ces terres, depuis toujours assoupies sous leur misère désespérée.

La France tyrannique ? La France routinière ? La France coupable ? Allons donc ! En vérité, quand les événements terribles de la guerre récente vinrent nous pousser au bord de l'abîme, la France généreuse, tutélaire, libérale, était en train de faire avancer à grands pas vers la lumière plus de soixante millions d'humains. (Discours de De Gaulle le 15 mai 1947 à Bordeaux lors de l'inauguration d'une plaque à la mémoire de Félix Eboué)
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