Avec les beaux jours, on voit apparaître un étrange animal qui suscite à chaque fois la même stupéfaction : le touriste. Pourtant, j'en avais déjà vu dans mes montagnes, et même il y en avait plein et ils faisaient un peu tache dans le décor. Mais ici, c'est la rencontre du troisième type. L'homme blanc tout droit sorti du catalogue Décath', ne se sépare pas de ses chaussures de rando, du gilet et du short plein de poches, couleur camouflage, du chapeau à la Indiana Jones, des jumelles autour du cou et du sourire satisfait de l'aventurier en goguette qui pourrait croiser un autobus sauvage.
Si un professeur veut garder ses élèves, il vaut mieux qu'il n'enseigne pas. Autrement dit, qu'il laisse les élèves se hisser à son niveau. Inutile de tirer sur une plante pour la faire pousser, il suffit de lui donner les conditions nécessaires, et elle poussera toute seule. Mais c'est un peu oublier qu'il faut une énergie monstrueuse pour arriver à pousser et qu'il faut se battre pour avoir sa part de terreau.
Le sage gouverne par le non-faire
Il enseigne par le non-dire
(Dao de jing 2)
Si un professeur veut garder ses élèves, il vaut mieux qu'il n'enseigne pas. Autrement dit, qu'il laisse les élèves se hisser à son niveau. Inutile de tirer sur une plante pour la faire pousser, il suffit de lui donner les conditions nécessaires, et elle poussera toute seule. Mais c'est un peu oublier qu'il faut une énergie monstrueuse pour arriver à pousser et qu'il faut se battre pour avoir sa part de terreau.
Comment faire pour apprendre à comprendre ?
Comment apprendre à comprendre lorsqu'on croit avoir été formée à pouvoir tout comprendre ?
...
Il faut comprendre. Et surtout ne partir de rien. Effacer tout ce que je sais, tout ce que j'ai pu savoir ou cru que je savais.
La seule véritable aventure, c'est de tout laisser. Un aller sans retour et sans savoir où l'on va. Lâcher prise, se laisser porter, abandonner toute détermination, et le plus difficile, s'y complaire. Déposer les armes devant l'angoisse des lendemains, comme un ultime combat contre soi-même.
Et puis vient le jour du départ. Il y a ce dernier moment visqueux et désagréable où l'on se demande pourquoi on fait ça. Changer, c'est un labeur, une angoisse. Et si c'était pour rien ? Ce moment où, avant de faire les valises, on se demande si on ne devrait pas tout annuler.
Aussi génial ou doué que vous puissiez être, apprendre sans effort n'est pas apprendre. Il faut apprendre l'effort lui-même. Les erreurs ne viennent pas d'un manque de connaissance dont il faudrait avoir honte. Elles traduisent un moment de manque de compétences, qui ouvre sur une chance d'apprendre. Il n'y a pas d'apprentissage sans erreur. Sans effort, pas de nouvelles compétences. Celui qui ne s'est jamais trompé, celui qui ne sait pas dire "je ne sais pas" n'a jamais rien appris et n'apprendra jamais rien. La prochaine fois que vous vous trompez, criez hourra. En tout cas, tant qu'il n'y a pas mort d'homme.
Le point positif quand on arrive à Taiwan, c'est qu'on n'a plus les problèmes qu'on a en France. Et quand on revient en France, on n'a plus les problèmes qu'on avait à Taiwan.
J'ai l'impression d'un dialogue merveilleux entre deux vieux amoureux atteints de surdité. L'un parle de lasagnes et l'autre de parties de bridge, sans se rendre compte qu'ils ne parlent pas de la même chose. Impossible de se disputer. Voilà la meilleure recette pour une longue harmonie.
Les erreurs ne viennent pas d'unmanque de connaissances dont il faudrait avoir honte. Elles traduisent un moment de manque de compétences, qui ouvre sur une chance d'apprendre. Il n'y a pas d'apprentissage sans erreur. Sans effort, pas de nouvelles compétences.