Charlotte d` Ornellas

J'essaie de mettre toute mon énergie pour aider les familles à rester ici : nous avons une mission à remplir ici, sur cette terre, au milieu des musulmans. Ce n'est pas toujours évident mais il nous faut accepter que tous les chrétiens du monde ont une croix à porter : nous n'avons pas tous les mêmes défis à relever, le mien est d'aider mes fidèles à assurer une présence chrétienne dans la région.

Le dialogue est une bonne chose mais il a pour but le dialogue... Et cela n'a jamais aidé personne à vivre avec son voisin. Je préfère insister, pour ma part, sur la convivialité qui est une autre question, plus importante et plus urgente (...). On arrive ou non à vivre avec des personnes bien plus qu'avec des mots ou des idées. Notre coexistence est une réalité tandis que le dialogue ressemble plus à un rêve.

Nombre de musulmans ont tendance à se radicaliser en raison de la situation régionale, et nous devons savoir qui nous sommes à leurs côtés, pourquoi Dieu nous a voulus au milieu de cette population parfois hostile.

Il y a des chrétiens par le baptême, par le désir ou par le martyre. Il ne faut pas forcer les choses lorsqu'il y a danger de mort, lorsque la loi l'interdit, il faut s'adresser aux coeurs, pour que ces derniers deviennent chrétiens.

Il faut protéger les chrétiens pour qu'ils tiennent leur rôle, et non défendre leur présence pour leur présence.

Les chrétiens sont des héros dans cette région du monde, leur comportement est proprement héroïque.

Il faut aussi que justice soit rendue aux palestiniens, sinon cette région sera toujours sous le feu de la guerre et l'Europe continuera à être en grave danger (...). Il suffit de dire «sionisme» à un jeune musulman pour qu'il se radicalise immédiatement (...). La Palestine est un alibi pour nombre d'entre eux.

Comment ne pas se sentir trahi par tous ces gouvernants occidentaux qui parlent de paix et défilent en Arabie Saoudite, pays qui a déversé des milliards pour détruire la Syrie ?

Il nous faut prendre cette réalité de l'Islam en compte ! Alors soit on fuit, soit on désespère, soit on admet la réalité en essayant malgré tout d'être le meilleur levain dans la pâte.

Israël existe et c'est un fait que je ne cherche même pas à discuter. Mais lorsque les autorités parlent d'Etat juif, quelle place font-elles aux chrétiens ou aux musulmans qui sont aussi chez eux ? Aucune. L'injustice crée de la colère, en tous lieux et temps de l'histoire.

Il faut que vous compreniez que nous sommes prêts à relever le défi encore une fois, si tous les gouvernements qui défendent leurs intérêts ici nous laissent à nouveau vivre entre Syriens. Nous parviendrons à retrouver cette harmonie, même imparfaite.

Une Église sans jeunesse est une Église sans avenir. Une jeunesse sans Église est une jeunesse sans avenir.

D'autres villages n'ont pas su s'organiser pour se défendre correctement, ce qui était pourtant un droit parfaitement légitime. J'irai même plus loin : défendre les siens est un devoir.

Mais que faire en pleine guerre ? Il était hors de question pour nous de demander à ce que nos jeunes soient épargnés, c'est la guerre, il faut défendre notre pays.

La communauté grecque catholique a toujours fait preuve d'une immense ouverture qui est contenue dans notre identité même : nous sommes arabes mais pas musulmans, orientaux mais pas orthodoxes et catholiques mais pas latins.

Cela se passe bien et les relations sont bonnes, aussi parce que je sais que c'est ma mission : j'ai été placé ici, au milieu des musulmans.