Quand elle était petite, Ma et Pa lui avaient certifié qu’elle pouvait devenir ce qu’elle voulait. Cependant, une fois leur petite fille devenue jeune femme, ils commencèrent à dire des choses comme « On a fait des sacrifices pour que tu aies ce qu’il y a de mieux ». Ce qu’il y avait de mieux pour qui ? Pas nécessairement pour Benny. Pire : apparemment, ce qu’elle était, ce n’était pas non plus ce qu’il y avait de mieux. Abandonner une bourse dans une université prestigieuse, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Suivre des cours de cuisine et d’art, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. Enchaîner les emplois précaires dans l’espoir d’ouvrir un café, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux. La vie amoureuse de Benny. Ça, par-dessus tout, ce n’était pas ce qu’il y avait de mieux.
Benny se dirige vers le sofa et s’assied à côté du fauteuil inoccupé de son père. Elle pose une main sur l’accoudoir, se penche, respire le tissu en tweed, à la recherche d’un reste de la brillantine pour les cheveux que son père utilisait, un truc vert, démodé, tellement nocif que ça aurait pu faire démarrer un pick-up. Benny donnerait cher pour que ses parents soient de nouveau là, assis dans leurs fauteuils préférés, et peu importe s’ils ont encore du mal à la comprendre.