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Citation de mamansand72


Qu’est-ce qu’un homme, se demanda Lin, qui n’a plus de foyer ?
Lin savait que les gens le considéraient toujours comme un étranger, bien qu’il soit allé à l’école dans cette ville, s’y soit marié et y ait élevé un enfant. Bien que ses frères, comme tant d’autres, aient succombé à la tuberculose. Lin, aussi, s’était toujours considéré comme un étranger, alors même qu’il déposait ses dominos sur la table de son jardin, alors même qu’il jurait en patwa local, lors même qu’il s’asseyait sur les marches de sa véranda et dégustait une mangue cueillie sur l’arbre que son père avait planté de ses propres mains.
Tout cela changea la nuit où ses magasins partirent en flammes, la nuit où quelqu’un mit le feu au local où il travaillait depuis qu’il était timanmay, la nuit où il s’était retrouvé à s’inquiéter pour al sécurité de sa fille dans la ville où elle était née. La nuit où Lin, sans argent et sans objets à troquer, s’avoua qu’il était complétement dépassé.
Cette nuit-là, tous les noms dont les gens l’avaient affublé dans son dos, tous les airs de désapprobation qu’on lui avait adressés tandis que son enfant, dépourvue de mère et dont la peau était marron, le suivait partout, une main agrippant sa chemise, lui revinrent en mémoire, le tranchant à vif. Il comprit alors qu’il n’était pas un étranger, que cet endroit était sa seule maison, qu’il n’avait nulle part d’autre où aller. Certes, c’était Little Jian de Guangzhou qui était arrivé ici, mais il avait passé plus de temps à être Johnny « Lin » Lyncook, résident de la paroisse de Portland, à environ quatre-vingt-dix kilomètres de la capitale et beaucoup trop loin de la Chine. Il ne pouvait plus être l’un sans l’autre.
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