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Citation de Aquilon62


Cela venait peut-être simplement des nuages.
Des ombres tenaces, grises et violacées, décoloraient les murs nus du palais della Valle, formes moroses qui attiraient de mauvaises pensées.
Telle était sans doute la cause de cette vague appréhension que Piero avait brusquement senti s’insinuer en lui, une sorte d’obscur malaise auquel il était incapable de donner une origine plausible, comme il arrive parfois quand revient l’écho d’un mauvais rêve oublié.
Et puis il y avait l’odeur. Il l’avait perçue dès qu’il était entré, en dépit des parfums de résine et d’épices qui régnaient dans la pièce. Une âcre senteur, effet probable d’un nettoyage des sols effectué avec zèle. Si légère qu’elle fût, elle avait immédiatement sollicité un odorat qu’il avait sensible, et déclenché en lui une crainte inexplicable qui l’avait poussé à gagner la fenêtre.
Il était rare que ses sensations lui demeurent incompréhensibles, et il en fut troublé. Il se tint face à la loggia donnant sur la cour où un vieux puits fermé, désaffecté, projetait sur le mur d’enceinte une ombre pareille à un voile gris tirant sur le violet, avec une pointe verdâtre.
Pour exorciser ce sentiment désagréable, Piero caressa l’idée d’un voyage désormais imminent. Il avait dû le reporter plusieurs fois, mais le chantier du Vatican était maintenant bien avancé et les dessins pour Santa Maria Maggiore étaient presque prêts, de sorte qu’il n’aurait voulu pour rien au monde renoncer à cette pause longtemps attendue.
Piero entendit qu’on l’appelait, et se retourna.
— S’aventurer dans les pensées d’un artiste, c’est faire quelquefois un voyage sans retour.

(INCIPIT)
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