Christian Duic

Extrait
Introduction

De par sa position géographique et ses orientations politiques passées, la France figure parmi les grandes nations maritimes. Elle comptait environ 50 000 marins à la fin du XVIIe siècle, 200 000 à la fin du XIXe, comparés aux 45 000 aujourd'hui répartis à presque égalité entre la défense, le commerce et la pêche.
Au Moyen Age, la guerre navale s'apparente à une course, le roi ne disposant pas d'une flotte permanente. Mais au XVIIe siècle, pour soutenir l'expansion coloniale et le commerce international face à la Hollande et l'Angleterre, une marine militaire forte s'impose à Richelieu puis à Colbert, avec toute une problématique de recrutement des équipages. Des institutions sont alors créées ou renforcées. Deux ordonnances royales fondatrices fixent le cadre réglementaire en 1681 pour la marine marchande et en 1689 pour les armées navales.
Une grande variété de documents est ainsi produite qui, parfois après bien des vicissitudes, est parvenue jusqu'à nous. La carrière d'un marin peut donc être retracée, qu'il soit officier ou simple matelot, que ce soit pour la marine militaire (surnommée La Royale), la marine marchande ou la pêche (souvent rattachée à la précédente). Le document majeur demeure la matricule des gens de mer, autour de laquelle gravite la plupart des autres sources. Après avoir recensé les embarquements du marin, le chercheur s'intéressera aux caractéristiques de chaque navire, puis à la campagne de navigation de ceux-ci. A travers un éventail de sources complémentaires, il retrouvera les décès en mer et plus largement à l'étranger, pour lesquels une partie novatrice est ici consacrée.
Les services d'archives sont assez nombreux et surtout sont dispersés sur tout le territoire français, voire à l'étranger. En raison des guerres, récentes ou plus anciennes, des mauvaises conditions de conservation (humidité sur le littoral), du désintérêt de décideurs, des documents sont hélas perdus ou sont incommunicables, en totalité ou en partie, selon les fonds, les régions, les époques. Néanmoins, la richesse des sources supplée parfois aux pertes. Les recherches ne sont pas toujours faciles. Les répertoires et inventaires sont parfois plus que sommaires. Des tables et indexations seraient bien appréciables pour accéder aux documents. Gageons qu'avec les nouvelles technologies, elles existeront d'ici quelques décennies. Quelques initiatives dans ce sens ont déjà prises par des services publics, des associations ou des particuliers, avec de magnifiques sites sur Internet.
Outre les services d'archives, le chercheur peut s'orienter utilement vers des musées, des associations, des lieux de mémoire (chapelles, cimetières marins...), et autant que possible vers les témoins vivants des événements (l'intéressé, sa famille, ses amis).
L'auteur demande l'indulgence du lecteur si des sources n'ont pas été mentionnées ou suffisamment développées, tant les fonds maritimes sont riches. Ce guide est le résultat de longues années de recherches, ayant parfois fait l'objet de publications particulières, parfois en collaboration avec Jean-Yves Le Lan, ici remercié. Initialement destiné aux généalogistes ayant des ancêtres marins, il peut en fait intéresser tout chercheur en histoire maritime.
Au final, le chercheur devrait découvrir un univers passionnant, des us et coutumes, des horizons lointains, à la croisée de cheminements individuels et de la Grande Histoire.