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Citation de collectifpolar


Depuis le début, ça me paraissait bien. J’avais quand même un peu peur de la montagne. William aussi. Pas pour les mêmes raisons. La montagne m’angoisse, William, lui, montait déjà ses quatre étages tous les jours et ce qu’il envisageait, c’était de passer ses vacances sur du plat. En même temps, l’aspect montagneux, on en avait déjà parlé et il n’avait avancé aucun argument contre. On savait que de toute façon il se limiterait au littoral. À la rigueur, il voulait bien louer des ânes pour grimper. Quoi qu’il en soit, en gros, depuis toujours, il suivait. La Corse, Malte, il avait été là avec nous. William était un vieil ami de Paul, il avait enterré ses deux dernières femmes et vivait solitairement tout au long de l’année. Il avait été dentiste et avait tout plaqué pour la peinture. La peinture n’avait pas marché et il s’était lancé dans la chanson à l’époque des quarante-cinq tours. Il en avait enregistré deux, avait gagné pas mal d’argent et vite compris qu’il n’en gagnerait pas davantage. Il l’avait placé et avait rangé sa guitare. Il avait rencontré ses deux femmes ensuite. William était quelqu’un de lucide, qui avait vécu intensément mais dont la santé fléchissait. Ses deux deuils successifs l’avaient perturbé. En vacances, on était là, présents, mais le reste du temps on ne savait pas comment il vivait son isolement. On ne lui connaissait plus de femmes. Il n’en parlait pas, en tout cas. Et on ne lui demandait rien parce qu’il souriait. Il avait une sorte de gentillesse désarmante, et toujours ce sourire aux lèvres qui ne trompait personne mais qui nous empêchait de le brusquer. Quand on se promenait, on avait peur qu’il tombe. Il était très lourd. Curieusement, il nous apaisait. Le reste de l’année, on craignait de prendre de ses nouvelles.
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