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Critiques de Christiane Chaulet-Achour (4)
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Albert Camus et l'Algérie

Je crois à la justice mais je défendrai ma mère avant la justice". On connaît le sort de cette célèbre phrase dite par Albert Camus, une fois tiré de son contexte et le bruit qu´elle a provoqué quant à l´engagement de cet écrivain et journaliste autour de la question "algérienne" à l´époque de la colonisation. Beaucoup a été dit par la suite et des études ont été menées pour expliquer, conforter, récuser ou simplement analyser l´écriture camusienne.

Christine Chaulet-Achour est de ces spécialistes de littérature qui n´a pas cessé depuis longtemps de "converser" avec l´oeuvre de Camus en publiant une série d´articles et d´essais à son propos. , l´universitaire qui a été professeur au département de français de l´université d´Alger dès 1967, puis aujourd´hui enseignante en France à l´université de Cergy-Pantoine, veut "cerner la dimension algérienne de l´écriture camusienne et comprendre l´ambivalence de sa réception, faite de séduction et de rejet. Comprendre aussi comment l´Algérie joue sa partition profonde dans la création de l´écrivain...". Christine Achour donne une nouvelle lecture de l´écriture camusienne loin des commentaires académiques, mais en la replaçant dans son contexte originel, c´est-à-dire historique, social et linguistique. Son oeuvre est, selon elle, liée à "l´ancrage spatial" où il a vécu, où il a baigné, fait de fraction colonisation/décolonisation.

L´écriture camusienne est ainsi décryptée, analysée, synthétisée. De Noces, poème lyrique traitant de Tipaza, au roman Premier homme, il nous est révélé que l´écriture camusienne est fortement marquée par la nature. Celle-ci posséderait des forces agissantes sur les individus. Soleil, mer sont animés d´une violence surnaturelle "meurtrière". La réalité algérienne est faite d´un peuple effacé, réduit au néant, "mythifié". Loin de glorifier la présence coloniale, il en ressort d´après l´analyse de Mme Achour, que l´écriture de Camus est le reflet de la situation socio-historique de l´époque, rompant avec le type de "littérature coloniale". Elle est poétique et symbolique laissant transparaître la réalité en des tragédies grecques. Le livre par excellence où il parle de l´Algérie, nous apprend-on, est l´inspiration autobiographique : le Premier homme.

Camus, écrivain mais aussi journaliste, passera non pas un regard "touristique" sur la Kabylie dans Alger Républicain mais celui d´une Promenade à travers la souffrance et la faim d´un peuple. Il nous est ainsi révélé l´engagement de l´écrivain qui a toujours pris position pour contrer la misère et pour une meilleure égalité de scolarisation, des Algériens notamment.

Dans Albert Camus et l´Algérie sont également notifiés plusieurs citations tirées de lettres ouvertes et propos d´écrivains sur Albert Camus, des critiques acerbes des fois et parfois pas tendres à son adresse.

On y trouve Mouloud Feraoun le sympathisant, Jean Sénac, Kateb Yacine le sceptique, Assia Djebar, Rachid Boudjedra, Mustapha Lacheraf...Dans ce travail pertinent, où l´analyste ne cesse d´étoffer sa thèse et d´étayer sa problématique, il va de soi que dans "l´univers littéraire (d´Albert Camus) l´Algérie respire et transpire de toutes parts". Cependant, il est regrettable d´apprendre via sa biographie faite par Alain Vircondelet - à partir de l´album de photos de famille -, note Christine Achour que "Camus était dans l´incapacité de concevoir le projet d´indépendance de l´Algérie. Il opta pour le dialogue", et d´ajouter: "Pour Camus, l´Algérie ne peut être qu´un pays fédéral où chaque communauté est représentée, où personne n´est lésé". Une attitude quelque peu ambiguë de ce fils de Belcourt, la même qui peut s´apparenter à du silence. "Un retrait" qui a dû ainsi coûter cher à Camus. C´est cette neutralité de l´écrivain qu´on a dû lui reprocher. Plutôt à Camus le citoyen...

A la fois didactique et pédagogique, ce livre servira également aux curieux pour savoir ainsi qui était Albert Camus, "l´Algérien".

Enrichissant à plus d´un titre, ce livre mérite d´être lu avec attention.
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JOURNAL. Oeuvre mémorielle de Mouloud Feraoun

Christiane Achour, qui a présenté l'œuvre, le dit d'emblée : «S'il est un texte de Mouloud Feraoun bien délicat à présenter, c'est bien celui du Journal... Il heurte et bouscule ceux qui le lisent». Pour sûr !



Car, on est bien loin de l'homme de lettres déjà connu et reconnu pour sa production cohérente et dont bien des parties sont reprises , aujourd'hui, dans les manuels scolaires, servant des objectifs pédagogiques, littéraires, de traduction, d'explication… Le fils du pauvre, La Terre et le Sang, Jours de Kabylie, Les Chemins qui montent… et bien d'autres. On est bien loin de l'auteur, admirateur de Camus et de Henri Alleg («Ce garçon, il faut lui tirer son chapeau… un héros digne d'admiration»), et ami de Roblès, concentré, sur le vers et la prose… et la beauté de la Kabylie.



C'est un journal sur la guerre. Tout le reste passe au second plan. Tenu du 1er novembre 1955, à 18 h 30 au 14 mars 1962. Presque au jour le jour,... avec quelques «récréations» forcées ou/et volontaires .La peine, la lassitude, le désespoir… Il y avait de quoi.



Un journal sur la guerre, «l'élément central unificateur» selon Christina Achour qui présente l'ouvrage. D'ailleurs, au fil des jours et des évènements, on monte en puissance avec l'auteur qui, on le sent, bien que se contenant en raison de son naturel pacifique et pacifiste, et connaissant bien les périls encourus, face à une répression de plus en plus aveugle et meurtrière, aux réquisitions, aux exécutions sommaires, aux interdits, aux rafles, aux insultes, aux vols et aux viols, aux humiliations quotidiennes, est au bord de l'ex (-im) plosion. A défaut de rejoindre le maquis, il se sert de sa plume pour coucher dans son Journal (avec tous les risques, étant donné les descentes surprises et les perquisitions multiples), sa colère, sa douleur, et toutes les meurtrissures de la Kabylie. Une «méditation de soi à soi» pour échapper quelque peu à l'horreur et à la folie.



Aujourd'hui, grâce à ses écrits, et en les lisant calmement, en se concentrant sur l'esprit et non sur la lettre telle que présentée, on revit pleinement, «de l'intérieur», à chaud, malgré des périodes non «couvertes», le combat et les drames quotidiens des Algériens pour leur liberté et l'indépendance du pays. De l'Histoire... toute chaude, avec des détails et des détails… et des noms, et des initiales dont on devine parfois les propriétaires… De l'Histoire, hélas, bien meurtrière. On a même quelques timides (mais bien justes) projections sur la gouvernance de l'Algérie indépendante Il fut lui-même assassiné par les ultras de l'OAS le 15 mars 1962. Son Journal se termine le 14.



Avis : A lire pour, surtout, s'imprégner des atmosphères et des sentiments profonds, enfouis, lors des périodes révolutionnaires, chez les gens «partagés». Trop bons pour accepter la violence. Trop humains pour supporter l'injustice.

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Albert Camus et les écritures algériennes : Que..

Ce livre fait suite "aux Rencontres méditerranéennes Albert Camus" de 2003 et intègre les différentes communications et interventions :

Christiane Chaulet-Achour , Jean-Claude Xuereb , Aziz Chouaki, Nourredine Saadi, Aldelmadjid Kaouah, Annie Cohen, Jean-Jacques Gonzales, Alek Bayle Toumi, Emile Temine, Naget Khadda, Maïssa Bey,
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Contes algériens

des contes traditionnels algériens
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